Le 28 novembre est la date du 64e anniversaire de l’indépendance de la Mauritanie. TASS a préparé un dossier sur l’histoire du pays.
Ère précoloniale
Dans les temps anciens, le territoire de la Mauritanie moderne est peuplé par des représentants de la race noire. Des tribus berbères viennent s’y installer au premier millénaire avant J.-C., suivis, au VIIe siècle, par les Arabes qui ont procédé à l’islamisation forcée de la population.
Période coloniale
Le XVe siècle est marqué par l’arrivée des colonisateurs européens dans le nord-ouest de l’Afrique, d’abord des Portugais puis, aux XVIe et XVIIe siècles, des Néerlandais, des Espagnols, des Français et des Britanniques. Leur objectif principal est d’accéder aux routes commerciales transsahariennes.
Selon le traité de Paris de 1814 conclu à la suite des guerres napoléoniennes, la France se fixe sur la côte atlantique de la Mauritanie et, en 1904, sur les territoires au nord du fleuve Sénégal, qui sont déclarés possession française sous le nom de « territoire civil » de la Mauritanie. Malgré la résistance armée de la population locale, les Français parviennent à établir un contrôle total de la Mauritanie en 1910. Dix ans plus tard, elle devient officiellement colonie dans le cadre de l’Afrique-Occidentale française (regroupant les colonies françaises d’Afrique de l’Ouest). Elle est dirigée par un gouverneur général nommé par le gouvernement français.
Après la Seconde Guerre mondiale, en 1946, la Mauritanie devient un territoire d’Outre-mer. Elle a le droit de former son Assemblée territoriale qui dispose de pouvoirs en matière de politique intérieure ainsi que d’être représentée au parlement français. La vie politique s’intensifie et le pays voit apparaître des partis politiques, notamment l’Union progressiste mauritanienne (UPM) en 1948. En 1957, dans le cadre de la réorganisation de l’Afrique-Occidentale française, un gouvernement autonome est formé en Mauritanie sous la direction de Moktar Ould Daddah. Les postes clés de son cabinet reviennent aux Français, ce qui suscite le mécontentement de la population locale. Le nouveau gouvernement de Daddah formé en 1958 comprend exclusivement des Mauritaniens. La même année, la France accorde à sa colonie le statut de république islamique autonome au sein de la Communauté française.
Après l’indépendance
Le mécontentement à l’égard du pouvoir français va croissant dans le pays, tout comme les contradictions entre les forces politiques sur les questions de développement interne. La France ne pouvant plus contrôler la situation politique en Mauritanie, Moktar Ould Daddah déclare la nécessité de concentrer tout le pouvoir entre les mains de son gouvernement. Une entente appropriée intervient en octobre 1960 à Paris.
L’indépendance de la Mauritanie est proclamée le 28 novembre de la même année. En mai 1961, le pays adopte sa Constitution et élit en août son premier président, Moktar Ould Daddah. Son gouvernement se pose pour mission d’assurer l’unité intérieure du pays. Tous les partis sont alors réunis en un seul, le Parti du peuple mauritanien (PPM), au pouvoir, des réformes administratives et territoriales sont appliquées et le processus d’élimination des institutions des chefs traditionnels est lancé. Moktar Ould Daddah est réélu chef d’État à trois reprises lors d’élections sans choix, en 1966, 1971 et 1976.
Sa position se trouve ébranlée en 1976 après l’échec d’opérations militaires au Sahara occidental (territoire situé sur la côte nord-ouest de l’Afrique, frontalier notamment de la Mauritanie et longtemps contrôlé par l’Espagne) contre le Front Polisario (FP, organisation militaro-politique prônant l’indépendance du Sahara occidental). Les affrontements éclatent en raison du rejet par le FP de l’accord de Madrid qui remet ce territoire sous administration provisoire du Maroc et de la Mauritanie. Le conflit a des retombées négatives sur l’économie et la stabilité politique intérieure du pays, les citoyens ethniquement proches des Sahraouis, population indigène du Sahara occidental, ayant soutenu le Front Polisario.
À la suite d’un coup d’État en juillet 1978, le pouvoir dans le pays revient au Comité militaire de redressement national (CMRN), par la suite Comité militaire de salut national. En août 1979, les nouvelles autorités mauritaniennes signent un accord de paix avec le Front Polisario et renoncent à leurs revendications territoriales.
Des années 1980 au début des années 2000
En 1980, le Comité militaire de salut national est dirigé par Mohamed Khouna Ould Haïdalla. La situation dans le pays reste tendue: la corruption prend de l’ampleur, les mesures économiques adoptées conduisent au chômage et à la dévaluation de la monnaie nationale, les contradictions interethniques s’intensifient.
Ce qui conduit à un nouveau coup d’État en décembre 1984, qui propulse au pouvoir Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya. Le Comité militaire de salut national cesse son existence et la Mauritanie passe à un pouvoir civil. Une nouvelle Constitution, la deuxième depuis l’indépendance, est adoptée en 1991 lors d’un référendum national pour instaurer notamment le multipartisme, mettre en place un parlement bicaméral et faire renaître la présidence. L’élection présidentielle de 1992 est remportée par Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya avec 62,7% des voix. Il est réélu en 1997 et 2003 avec respectivement 90,9% et 66,7% des suffrages. Les dernières années de son pouvoir sont marquées par la stagnation de l’économie et un mécontentement croissant au sein de la population musulmane en raison de l’établissement de relations diplomatiques avec Israël en 1999. La Mauritanie les rompt en 2010 en réaction à l’opération militaire de 2008-2009 dans la bande de Gaza.
En 2005-2018
En août 2005, le président Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, qui était aux funérailles du roi Fahd d’Arabie Saoudite, est renversé par son entourage: le chef des services de sécurité, le colonel Ely Ould Mohamed Vall, et le commandant de la garde présidentielle, Mohamed Ould Abdel Aziz. Le pouvoir législatif et exécutif revient au Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD) dirigé par Ely Ould Mohamed Vall. Des amendements à la Constitution sont adoptés en juin 2006 lors d’un référendum national: le mandat présidentiel est réduit de six à cinq ans et n’est renouvelable qu’une fois.
En mars 2007, le pays tient une présidentielle remportée par Sidi Ould Cheikh Abdallahi, avec 52,85% des voix, qui est activement soutenu par Mohamed Ould Abdel Aziz.
Il est cependant renversé le 6 août 2008 par un coup d’État militaire sans effusion de sang (le quatrième consécutif) organisé par le chef d’état-major général des forces armées et dirigeant de la garde présidentielle, Mohamed Ould Abdel Aziz, et le commandant de l’armée, Mohamed Ould Ghazouani. Le pouvoir revient au Conseil d’État dirigé par Mohamed Ould Abdel Aziz. Il devient président à l’issue des élections de juillet 2009, avec 52,58% des suffrages, et est réélu en 2014, avec 82% des voix. Selon la Banque mondiale, pendant les années du pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz (2009-2018), le PIB de la Mauritanie a augmenté de 46,4% pour passer de 3,66 milliards de dollars à 5,36 milliards de dollars, tandis que le PIB par habitant s’est accru de 7,7%, de 1.079 dollars à 1.162 dollars.
La Mauritanie aujourd’hui
Le pouvoir en Mauritanie revient actuellement à Mohamed Ould Ghazouani, qui a remporté la présidentielle de juin 2019 avec 52% des voix et qui a été réélu en juillet dernier avec 56,1% des voix dès le premier tour du scrutin.
L’un des grands problèmes du pays reste la pratique de l’esclavage. Ce dernier a été officiellement aboli en 1981, mais, selon l’organisation internationale Walk Free, le pays compte environ 90.000 esclaves, soit 2% de la population.
D’après la Banque mondiale, en 2019, le PIB du pays a constitué 7,6 milliards de dollars, le taux de croissance du PIB a été de 5,9%, le PIB par habitant est arrivé à 1.678 dollars et le taux d’inflation a affiché 2,3%.
La Mauritanie est une république dirigée par un président élu au suffrage universel pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois.