Secourir Gaza par mer

À Gaza, quelque 30 000 civils palestiniens ont été tués par l’armée israélienne, sans compter les
disparus ensevelis sous les décombres, les malades et les femmes enceintes morts par manque de
soins, les blessés à vie, les mutilés sans anesthésie, les enlèvements d’enfants, les déplacements forcés,
les réfugiés passant l’hiver sous des abris précaires. D’autres morts sont prévues par l’attaque
annoncée contre Rafah.

Sous couvert de « guerre contre le Hamas » en riposte aux assassinats du 7 octobre, l’Etat d’Israël viole
le droit international, notamment, selon les conventions de Genève, le droit humanitaire international
qui prescrit la protection des civils.

Sans attendre les jugements de la Cour pénale internationale (CPI) et de la Cour internationale de
justice (CIJ), saisies par plusieurs États ou associations, la communauté internationale doit faire
respecter le droit et assurer la protection de la population de Gaza par des actes.

Le mardi 20 février 2024, les États-Unis d’Amérique ont mis leur troisième veto au Conseil de sécurité
des Nations unies à un projet algérien appelant les belligérants à une trêve humanitaire, donnant ainsi
le feu vert à la poursuite des massacres. En poursuivant ses actions militaires indiscriminées, l’État
d’Israël ne respecte pas la décision de la CIJ du 26 janvier 2024 sur l’application de la prévention et de
la répression du génocide dans la bande de Gaza. En raison de massacres largement inventés, le Conseil
de sécurité a invoqué en 2011 la « responsabilité de protéger » pour recourir à la force contre la Libye.

En 2016, la Chambre des communes britannique a évalué sévèrement les conditions et les
conséquences de cette action militaire. Où est la responsabilité de protéger dans le cas de Gaza ?
En refusant d’assumer ses responsabilités, la communauté internationale des États entérine les
massacres. Il est urgent qu’un groupe d’États prenne les siennes. Le plus facile est de forcer le blocus
maritime illégal (en droit une « mesure coercitive unilatérale ») de Gaza, pris en dehors de l’article 41
de la Charte de l’ONU. Le GIPRI a tenu un colloque sur le thème des « sanctions », dont son cahier n°
12 rend compte.

À l’évidence, les protestations et exhortations ne servent à rien. Il convient qu’un groupe d’États envoie
vers Gaza des navires hôpitaux, des porte-hélicoptères, des cargos d’approvisionnement. Leurs forces
navales et aériennes protégeront la floƫlle humanitaire.

Plusieurs États déploient leur marine de guerre en rer Rouge pour assurer la libre circulation du
commerce et il ne s’en trouverait aucun pour protéger des milliers de vies humaines à Gaza ? Tous les
États doivent mettre l’embargo sur les livraisons d’armes aux belligérants à Gaza.

Par leur passivité, les États sont complices des massacres, génocidaires ou non, perpétrés à Gaza.
Puisque les États se rendent complices au nom des peuples, il appartient aux citoyennes et aux citoyens
d’interpeller puissamment les décideurs politiques pour faire cesser les massacres.

Gabriel Galice, président du GIPRI