AA / Bogota / Laura Gamba
Une escalade sans précédent de la violence des gangs qui secoue Haïti empêche le Programme alimentaire mondial (PAM) de secourir 370 000 personnes qui ont un besoin urgent de nourriture, a déclaré le directeur national de l’organisation, Jean-Martin Bauer.
« La récente escalade de la violence a bloqué les routes de fret, restreint les déplacements et fermé les écoles, obligeant le PAM à suspendre temporairement de nombreuses activités à travers le pays », a déclaré Bauer dans un communiqué rendu public jeudi.
“Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre du terrain, alors que 1,4 million d’Haïtiens sont confrontés à des niveaux urgents de faim“, a-t-il insisté.
Selon l’agence des Nations unies, 44 % des Haïtiens “sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë et luttent pour nourrir leur famille“. Le PAM a appelé à “un accès sans entrave pour les agences humanitaires et à la libre circulation des produits alimentaires pour éviter que les niveaux de faim, déjà désastreux, ne deviennent catastrophiques“.
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a déclaré ce vendredi que le mois de janvier a été le mois le plus violent en Haïti depuis plus de deux ans. Le conflit entre bandes armées, qui s’est aggravé ces dernières semaines, a contraint près de 10 000 personnes à fuir leur foyer en seulement 10 jours.
Au moins 806 personnes ont été tuées, blessées ou kidnappées le mois dernier et quelques 300 membres de gangs ont également été tués ou blessés, “portant le bilan total de personnes lésées à 1 108, soit plus de trois fois le nombre enregistré en janvier 2023“, a déclaré Volker Turk.
Entre le 20 janvier et le 7 février, au moins 16 personnes ont été tuées et 29 autres blessées, principalement dans le contexte d’affrontements entre manifestants et policiers, lors de manifestations hostiles au gouvernement.
Haïti traverse une crise politique, économique et sociale avec une escalade de la violence à cause des bandes armées qui terrorisent la population par les meurtres, les enlèvements, les viols et les agressions.
La situation du pays a amené le Conseil de sécurité de l’ONU à approuver, en octobre dernier, l’envoi d’une mission multinationale de soutien à la sécurité dirigée par le Kenya, une décision qui ne s’est toujours pas concrétisée à ce jour.
* Traduit de l’anglais par Mounir Bennour.