66e anniversaire de l’indépendance de la Guinée

Dossier TASS. Il y a 66 ans, le 2 octobre 1958, la République de Guinée proclame son indépendance. TASS a préparé un dossier sur l’histoire de ce pays d’Afrique de l’Ouest.

Histoire ancienne et coloniale

Du VIIe au XIIe siècles, une partie du territoire de la Guinée contemporaine faisait partie de l’empire du Ghana, du XIIe au XVe siècles de l’empire du Mali. Au milieu du XVe siècle, la côte guinéenne a été visitée pour la première fois par des navigateurs portugais. Par la suite, des ports et des comptoirs d’autres États européens y sont apparus. Du XVIIe au XIXe siècles, le littoral guinéen au relief accidenté a contribué à l’essor de la traite des esclaves, qui s’est poursuivie même après son interdiction officielle au premier tiers du XIXe siècle.

Au XIXe siècle, les Français ont commencé à pénétrer à l’intérieur du continent. Pour protéger ses citoyens, la France commence à construire des fortifications et des forts et à conclure des traités de non-agression avec les chefs de tribus. En 1849, un protectorat français est proclamé sur la région de Boké (l’extrême ouest de la Guinée actuelle). En 1897, un traité de protectorat est conclu avec le souverain du Fouta-Djalon. Ces terres sont intégrées à la colonie de Guinée française. Au tournant des XIXe et XXe siècles, elle est incluse dans l’union des colonies de l’Afrique occidentale française (AOF) et, après la Seconde Guerre mondiale, elle reçoit le statut de “territoire d’outre-mer” de la France. Sous le régime colonial français, les Guinéens étaient privés de droits politiques, payaient l’impôt de capitation, effectuaient des travaux forcés non rémunérés et étaient mobilisés pour le service militaire.

Les autorités de la IVe République française (1946-1958) ont décidé d’étendre les droits politiques des colonies. En 1946, la métropole approuve la création d’une assemblée territoriale élue en Guinée et assouplit progressivement les conditions de fortune et d’instruction pour être électeur. Ainsi, les élections de 1957 sont ouvertes à tous les adultes de la colonie et instituent le Conseil de gouvernement, organe exécutif territorial composé de Guinéens. Les élections sont remportées par le Parti démocratique guinéen (PDG), fondé en 1947 et dirigé par le syndicaliste Ahmed Sékou Touré. Lors d’un référendum organisé en 1958, 95,4% de la population guinéenne se prononce contre la nouvelle Constitution française et pour le retrait du pays de la Communauté franco-africaine. Le 2 octobre 1958, la Guinée proclame son indépendance.

Indépendance

Ahmed Sékou Touré devient président de la République de Guinée indépendante. Mécontente du résultat du référendum, la France impose des sanctions à la Guinée. Privée d’aide et d’investissements étrangers, la Guinée se retire de la zone du franc CFA (franc des colonies françaises d’Afrique devenu franc de la Communauté financière d’Afrique) et se tourne vers la coopération avec l’URSS et les pays du bloc socialiste. Le PDG est proclamé parti unique dans le pays et Sékou Touré est élu président sans alternance en 1961, 1968, 1974 et 1982. Après sa mort en 1984, les militaires ont pris le pouvoir. Le colonel (puis général) Lansana Conté est devenu chef de l’État. Le gouvernement qu’il met en place libéralise partiellement l’économie et le régime politique et dissout le PDG. En 1990, une nouvelle Constitution est adoptée par référendum, instaurant un régime multipartite. Par la suite, Lansana Conté a été élu président de la Guinée à trois reprises – en 1993, 1998 et 2003. Son Parti de l’unité et du progrès (PUP) détenait la majorité des sièges au parlement.

Des conflits interethniques, des manifestations de l’opposition, des grèves et des protestations syndicales, ainsi que des conflits armés dans les États voisins ont conduit à une crise politique après la mort de Lansana Conté en 2008. Le 23 décembre, quelques heures après la mort du président, un groupe d’officiers militaires dirigé par le capitaine Moussa Dadis Camara a organisé un coup d’État. Les putschistes ont déclaré vouloir mettre en place un gouvernement intérimaire ethniquement représentatif et de préparer le pays à des élections démocratiques. Cependant, l’opposition a organisé plusieurs grandes manifestations, dont une, le 28 septembre 2009, a débouché à une fusillade des manifestants par les militaires.

Le 3 décembre 2009, Moussa Dadis Camara est blessé lors d’une tentative d’assassinat et part se faire soigner au Maroc. Le général Sékouba Konaté prend le pouvoir. Une nouvelle Constitution est adoptée le 7 mai 2010 et une élection présidentielle est organisée le 7 novembre suivant. Elle est remportée par l’opposant Alpha Condé du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), parti de centre-gauche. Il a été réélu pour un second mandat en 2015 et, en mars 2020, il a lancé une réforme constitutionnelle qui lui a donné une nouvelle occasion de se faire réélire. En octobre 2020, il remporte le scrutin avec 59,49% des voix.

La modification de la Constitution et la tenue d’élection, dont les résultats ont été remis en cause par l’opposition, ont provoqué des tensions sociales généralisées. Des émeutes ont eu lieu dans les principales villes du pays, faisant au moins 50 morts. Le 5 septembre 2021, l’armée, dirigée par le lieutenant-colonel des forces spéciales Mamadi Doumbouya a annoncé l’éviction et la détention de Condé, la dissolution du gouvernement et du parlement, la suspension de la Constitution et la création du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD). Le 1er octobre, Mamadi Doumbouya a prêté serment en tant que président de la Transition. Les militaires adoptent une Charte de transition, forment un gouvernement et remplacent le parlement par le Conseil national de la transition, qui devra rédiger la prochaine Constitution.

Au printemps 2024, les militaires ont déclaré que la période de transition ne prendrait fin qu’en 2025 au plus tôt, contre fin 2024 précédemment, en raison des problèmes auxquels le pays est actuellement confronté. En effet, la crise suite à l’explosion du dépôt de carburant de Kaloum a conduit à la dissolution du gouvernement en février dernier et à la formation d’un nouveau gouvernement présidé par le premier ministre Amadou Oury Bah.