MOSCOU, 8 mai. /TASS/. Environ 60.000 citoyens soviétiques, pour la plupart des prisonniers de guerre, ont été déportés de la Crimée par les nazis après que l’Armée rouge a percé les fortifications allemandes à Perekop au printemps 1944. C’est ce qui ressort du témoignage du général de la Wehrmacht Erwin Jaenecke, contenu dans les documents d’archives déclassifiés par le Service fédéral de sécurité (FSB), dont TASS a pris connaissance.
La direction de FSB pour la République de Crimée et de la ville de Sébastopol a déclassifié des documents d’archives sur la Grande Guerre patriotique, qui comprennent des certificats, des renseignements et des protocoles d’interrogatoire de criminels allemands, dans le cadre du projet “Sans délai de prescriptions”. Parmi eux figure les rapports du général Jaenecke, qui commandait les troupes de la Wehrmacht en Crimée et dans le Caucase.
“Après la percée des Russes des fortifications allemandes à Perekop le 9 avril 1943, tous les prisonniers de guerre russes, les prisonniers et les bataillons turcs créés à partir de prisonniers de guerre russes ont été transférés d’urgence à Constanta [Roumanie]. De plus, une partie de la population civile qui avait accepté de s’y rendre volontairement a été emmenée. Pour autant que je me souvienne, environ 60.000 personnes ont été emmenées à Constanta, principalement des équipes de travail de Crimée constituées de prisonniers de guerre”, a déclaré dans son témoignage l’ex-général Jaenecke, qui a été arrêté par les troupes soviétiques en juin 1945 dans la ville allemande de Niederschön et qui a séjourné dans la prison de Sébastopol pendant l’enquête et le procès.
Les Allemands ont également exporté de Crimée des objets de valeur des musées, des troupeaux de moutons Karakul de grande valeur, des récoltes de coton et de tabac.
Le général allemand a également raconté la lutte du commandement allemand avec les partisans de Crimée. “Dans les anciennes carrières près de Kertch, il y avait depuis longtemps des groupes de partisans et de civils. Pour les éliminer en hiver, une équipe spéciale de sapeurs a été mise à ma disposition à l’initiative de l’état-major général. […] Dans un premier temps, les unités militaires ont essayé de pénétrer dans les grottes et d’en miner les entrées et les sorties, mais cette tentative n’a pas donné les résultats escomptés. Il a alors été décidé de faire pénétrer dans les grottes un gaz explosif, agissant en même temps comme une substance toxique, afin de tuer toutes les personnes qui s’y trouvaient. Comme il n’a pas été possible d’atteindre la concentration de gaz nécessaire à l’explosion, l’exercice n’a pas été couronné de succès”, a révélé M. Jaenecke.
Selon lui, les grottes ont ensuite été complètement bloquées et les personnes qui s’y trouvaient ont été privées de nourriture et de boisson. Finalement, environ 350 personnes sont sorties vers les Allemands, dont 40 ont été abattues. “Je ne sais pas ce qu’il est advenu du reste des personnes capturées”, a déclaré ce général allemand.