Le 2 décembre commémore la Journée internationale pour l’abolition de l’esclavage

Instauration de la Journée et ses objectifs

La journée est marquée depuis 1995 sur recommandation du groupe de travail des Nations unies sur les formes contemporaines d’esclavage. La date du 2 décembre est celle de l’adoption, en 1949, par l’Assemblée générale de l’ONU de la Convention pour la répression et l’abolition de la traite des êtres humains et de l’exploitation de la prostitution d’autrui. Cette journée vise à éradiquer les formes contemporaines d’esclavage.

Définition de l’esclavage

Le premier document international à définir l’esclavage est la Convention relative à l’esclavage, approuvée par la Société des Nations en 1926, qui définissait l’esclavage comme « l’état ou condition d’un individu sur lequel s’exercent les attributs du droit de propriété ou certains d’entre eux ». La Convention supplémentaire relative à l’abolition de l’esclavage, de la traite des esclaves et des institutions et pratiques analogues à l’esclavage a été adoptée en 1956. Elle inclut dans cette définition la servitude pour dettes, le travail forcé, le travail des enfants, la traite des êtres humains et l’imposition de contrats de servitude aux travailleurs migrants. Les Nations unies estiment également que le mariage forcé (y compris la vente des mariées et l’héritage des veuves) et le recrutement forcé d’enfants pendant les conflits armés sont des formes d’esclavage.

Esclavage moderne

L’esclavage et la traite des esclaves sont aujourd’hui officiellement interdits dans tous les États du monde (le dernier pays à avoir adopté une loi abolissant l’esclavage est la Mauritanie, en 1981). Dans le même temps, selon un rapport publié en 2023 par l’Organisation internationale du travail (OIT), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’organisation de défense des droits de l’homme Walk Free, il y aurait eu presque 50 millions d’esclaves dans le monde en 2021, soit un quart de plus que lors de l’estimation précédente de 2016.

Sur ce nombre, 27,6 millions sont des personnes forcées à travailler, y compris dans l’industrie du sexe. On compte parmi elles 11,8 millions de femmes et 3,3 millions d’enfants. Dans 86% des cas le travail forcé est observé dans le secteur privé, mais 3,9 millions de personnes sont soumises à une telle exploitation dans le cadre de règles établies au niveau de l’État. Le travail forcé est le plus répandu en Asie et dans le Pacifique (15,1 millions), suivi de l’Europe et de l’Asie centrale (4,1 millions), de l’Afrique (3,8 millions) et des Amériques (3,6 millions). En termes de population, c’est dans les pays arabes que le travail forcé est le plus répandu: 10 personnes pour 1.000 habitants.

Le mariage forcé est une autre forme d’esclavage moderne. En 2021, il a concerné quelque 22 millions de personnes (dont deux femmes pour trois cas). Près des deux tiers des mariages forcés ont lieu dans la région Asie-Pacifique et au Moyen-Orient (14,2 millions), 14,5% en Afrique (3,2 millions) et 10,4% en Europe et en Asie centrale (2,3 millions), le reste revenant aux Amériques (1,4 million). C’est dans les pays arabes qu’ils sont les plus fréquents (4,8 pour 1.000 habitants). 26% de ces mariages ont lieu dans des pays où le revenu moyen par habitant est élevé.

Mesures de lutte contre l’esclavage

Les problèmes de la lutte contre les formes modernes d’esclavage se trouvent sous le contrôle du secrétaire général des Nations unies et du haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme et figurent à l’ordre du jour du Conseil économique et social de l’organisation. Le groupe de travail sur les formes contemporaines d’esclavage, qui fonctionne depuis 1975 dans le cadre de l’ONU, surveille la situation dans différents pays du monde. Le Fonds de contributions volontaires des Nations unies pour la lutte contre les formes contemporaines d’esclavage a été mis en place en 1991. Les ressources collectées sont destinées aux ONG qui s’attaquent à ce problème ainsi qu’à l’aide humanitaire, juridique et financière aux victimes.

L’OIT a adopté en 2014 un protocole juridiquement contraignant sur le travail forcé, qui vise à consolider les efforts déployés pour éradiquer l’esclavage à l’échelle mondiale. Il est entré en vigueur en novembre 2016. Le document prévoit l’indemnisation des victimes de l’esclavage moderne et les exonère de toute responsabilité en cas d’actes illicites commis à la suite d’une participation forcée au travail forcé. Il oblige également les pays adhérents à mettre en place des mécanismes pour protéger les travailleurs migrants contre les abus et les fraudes lors du recrutement. À ce jour, 56 pays ont ratifié le protocole. La Russie l’a fait en 2018.

Selon les objectifs de développement durable adoptés en 2015 et échelonnés jusqu’en 2030, les États membres de l’ONU se sont engagés à « prendre des mesures immédiates et efficaces pour supprimer le travail forcé, mettre fin à l’esclavage moderne et à la traite d’êtres humains, interdire et éliminer les pires formes de travail des enfants, y compris le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats et, d’ici à 2025, mettre fin au travail des enfants sous toutes ses formes ».

Dossier TASS