AA / Dakar / Alioune Ndiaye
Le président sénégalais, Macky Sall, a annoncé jeudi soir qu’il va quitter ses fonctions de chef de l’Etat du Sénégal à l’expiration de son mandat en cours qui prend fin le 2 avril prochain.
Le chef de l’Etat sénégalais s’est exprimé lors d’un entretien avec des journalistes de quatre médias locaux retransmis en direct à la télévision nationale, RTS.
« Le 2 avril sera le terme de mon mandat de 5 ans et la fin du contrat avec le peuple en tant que président de la République. Le 2 avril, ma mission se termine à la tête du Sénégal (…) Il n’a jamais été question de dépasser mon mandat constitutionnel », a rassuré le président Sall, se disant incompris par beaucoup dans sa démarche.
Sur la question de la date du scrutin qui cristallise les attentions depuis le début du feuilleton autour du report, Sall est d’avis qu’elle devrait découler du dialogue qu’il espère voir se tenir la semaine prochaine.
« Pour ce qui est de la date, on verra ce que le dialogue va décider. Le décret (de convocation du corps électoral) ne peut être pris avant la concertation nationale. D’ailleurs j’ai programmé lundi 26 et ça devrait se faire sur deux jours ; donc lundi et mardi. Il faut qu’au sortir du dialogue mardi, qu’on ait une date », a-t-il indiqué.
Alors que le 2 avril arrive à grand pas et que lui-même a assuré quitter ses fonctions à cette date, le pays vivra une situation inédite si le scrutin ne se tient pas avant ce terme.
« Il est clair que le pays ne peut pas rester sans président de la République. Ça, le dialogue qui vient devra certainement trancher ou proposer si un consensus peut être obtenu », a fait savoir Macky Sall, souhaitant l’implication de tous les acteurs au dialogue pour, « dans l’intérêt supérieur de la nation », trouver les moyens d’enjamber « ce contexte particulier ».
« J’écouterai ce que le dialogue dira et après le dialogue certainement le conseil constitutionnel pourrait être amené à clarifier », a-t-il projeté.
Le président sénégalais a dit mettre en avant les intérêts du pays devant toute autre considération, mettant sur la table sa volonté de pacification du climat social à travers « le pardon et la réconciliation ».
Dans cette dynamique, plus de 400 détenus, membres d’organisation de la société civile et de l’opposition, particulièrement du parti Pastef (patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité- parti dissous) ont dernièrement recouvré la liberté.
« Je regarde le pays, je ne regarde pas de personne », a-t-il dit en réponse à un journaliste sur un probable élargissement de l’opposant Ousmane Sonko.
Le scrutin présidentiel pour désigner le successeur de Macky Sall devait avoir lieu le 25 février 2024. Saisi d’une proposition du bureau de l’Assemblée nationale, le président Sall a stoppé le processus le 3 février en abrogeant le décret convoquant le corps électoral.
Deux jours après, le Parlement a validé une loi fixant la présidentielle au 15 décembre 2024 tout en prorogeant le mandat de Sall jusqu’à l’installation de son successeur.
Des manifestations d’envergure ont éclaté à partir du 9 février dans plusieurs localités du pays en réaction au report de la présidentielle. Quatre personnes ont perdu la vie lors de ces manifestations.
Le 15 février, le Conseil constitutionnel a annulé les décisions prises par le président Sall et l’Assemblée nationale tout en appelant à la tenue du scrutin dans les meilleurs délais.
Le lendemain, le président de la République a dit prendre acte de la décision de la haute juridiction et s’est engagé à la « faire pleinement exécuter ».
Le front des candidats à la présidentielle du 25 février (FC25), regroupant 16 candidats à la présidentielle exige la tenue du scrutin avant le 2 avril. Cette structure tient un point de presse vendredi à Dakar.
« Aar sunu élection », plateforme regroupant des organisations de la société civile projette un rassemblement le même jour à la place de la Nation.
Des candidats recalés dont Karim Wade, candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS), demandent une reprise de tout le processus électoral pour une présidentielle inclusive, libre et transparente.
Une demande à laquelle souscrivent plusieurs autorités de la majorité présidentielle à l’image de la ministre Thérèse Faye ou du président du groupe parlementaire de la majorité présidentielle, Abdou Mbow.