Kenya: la Fondation Ford a versé 5 millions de dollars aux ONG derrière la protestation

NAIROBI, 19 juillet. /TASS/. La Fondation Ford a dépensé plus de 5 millions de dollars au soutien de différentes ONG au Kenya, notamment celles qui sont impliquées dans les manifestations antigouvernementales. Le gouvernement du pays exige que l’organisation caritative américaine présente un compte rendu sur le financement de ces ONG, selon une lettre signée par le secrétaire général du ministère kenyan des Affaires étrangères, Korir Singoei, et adressée au chef de cette structure, Darren Walker.

“Plusieurs de vos bénéficiaires ont touché un total de 5,78 millions de dollars américains entre avril 2023 et mai 2024, dont un financement inexpliqué de 1,49 million au cours du dernier mois. Il est profondément inquiétant de constater que la plupart des bénéficiaires ont été au centre des manifestations contre le projet de loi de finances”, indique la lettre dont une copie est parvenue à TASS. La lettre cite notamment parmi les bénéficiaires la Commission nationale des droits de l’homme du Kenya (KNCHR), Transparency International ou encore le Centre africain pour une gouvernance ouverte (AfriCOG).

Toujours selon la lettre, le ministère kenyan des Affaires étrangères a appelé la Fondation à lui fournir des données sur tous les bénéficiaires et programmes financés, sur leurs activités et sur la non-ingérence de l’organisation dans la politique intérieure du pays.

Le président kenyan William Ruto a précédemment déclaré que c’était l’organisation américaine qui se trouvait derrière les manifestations dans le pays. La Fondation Ford a nié toute implication. Mise en place en 1936 par Edsel Ford, le fils d’Henry Ford, fondateur de la Ford Motor Company, l’organisation opère partout dans le monde et se pose pour objectif de défendre la justice sociale et les valeurs démocratiques. Elle a ainsi accordé au cours des dernières décennies des subventions à différents groupes kenyans de défense des droits de l’homme.

Les protestations contre la hausse des impôts, dont les participants exigeaient également la démission du président, ont commencé au Kenya le 18 juin pour s’intensifier le 25, lorsque les manifestants ont incendié les sièges du parlement et du conseil municipal de la capitale. Selon la KNHRC, le soulèvement a fait 39 morts et plus de 350 blessés depuis le 18 juin. William Ruto a déclaré qu’il était au courant de 19 décès.

Le projet de loi prévoyait une majoration de la TVA sur les transports, les vivres et les communications mobiles, selon les mesures recommandées par le Fonds monétaire international (FMI). Le président du Kenya a retiré le projet de loi, mais a prévenu que cette mesure obligerait le gouvernement à emprunter jusqu’à 1.000 milliards de shillings kenyans (environ 7 milliards d’euros) sur les marchés étrangers. La dette publique du pays s’élève à un équivalent de plus de 70 milliards d’euros, soit environ 70% du PIB.