Nezavissimaïa Gazeta: Puigdemont est déchiré entre une chance d’accéder au pouvoir et le risque d’emprisonnement

Revue de presse Russie – Service d’information TASS

Le dirigeant séparatiste catalan Carles Puigdemont a été convoqué par le Tribunal suprême d’Espagne pour témoigner dans une affaire de terrorisme liée au référendum sur l’indépendance de la région organisé en 2017 et aux manifestations qui ont eu lieu deux ans plus tard. L’audience est prévue du 17 au 21 juin, la déposition étant autorisée par liaison vidéo. L’homme politique qui a fui en Belgique a l’intention de revenir sur la scène politique espagnole et de se présenter aux élections régionales qui se tiendront le 12 mai. Cependant, il n’est pas certain qu’il puisse revenir dans le pays, le mandat d’arrêt étant toujours en vigueur et la loi d’amnistie n’étant pas encore entrée en vigueur, note Nezavissimaïa Gazeta.

Compte tenu de l’autorité et de la popularité de M. Puigdemont, ses chances d’être élu sont élevées. Toutefois, en cas de victoire, il ne pourra pas exercer ses fonctions à distance car il doit prêter serment. Entretemps, il n’a pas chômé mais il a été élu au Parlement européen en mai 2019 avec Clara Ponsati et Toni Comin, même si les eurodéputés leur ont retiré leur immunité parlementaire en 2021.

Il y a maintenant un risque d’extradition et de poursuites judiciaires. Ce risque pourrait être évacué par une loi d’amnistie adoptée par le Congrès des députés (chambre basse du parlement espagnol). Mais cette loi n’est pas encore entrée en vigueur et ne le sera apparemment pas de sitôt. Le Sénat, contrôlé par la droite, refusera certainement de l’adopter à ce stade, explique Ekaterina Tcherkassova de l’Institut de l’économie mondiale et des relations internationales (Imemo) de l’Académie des sciences de Russie. « Même au Congrès, la loi a été adoptée avec beaucoup de difficultés. Le Sénat renverra la loi au Congrès dans un premier temps, puis pourra la contester devant le Tribunal suprême et ensuite devant le Tribunal constitutionnel. La question de savoir si la loi entrera en vigueur d’ici le mois de mai reste entière », ajoute la spécialiste.

On s’interroge également sur les chances de M. Puigdemont de diriger le gouvernement catalan. Pour les Catalans qui veulent l’indépendance, il fait toujours autorité. Mais les fervents partisans d’une sécession à tout prix sont désormais moins nombreux. L’indépendance de la Catalogne est hors de question. Les dernières élections législatives l’ont bien montré avec la victoire du parti du premier ministre, le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Cependant, M. Puigdemont se montre très sérieux. Il a même déclaré qu’il ne voulait pas participer aux élections européennes de juin pour montrer qu’il se concentrait sur les activités liées à son pays.