Indépendance du Tchad

DOSSIER TASS. Le 11 août marque le 64e anniversaire de l’indépendance du Tchad. TASS a préparé un dossier sur l’histoire du pays.

Contexte historique

À l’époque précoloniale, le territoire du Tchad comptait les États du Kanem (à l’ouest, IXe-XIVe siècles, puis sous la dépendance du Bornou), du Wadai (à l’est, XVIe-XXe siècles) et du Baguirmi (au sud-ouest, XVIe-XXe siècles). Au début du XIXe siècle, le sultanat de Wadai établit son pouvoir sur le Kanem et le Baguirmi; à la fin du XIXe siècle, ils étaient tous subordonnés au conquérant soudanais Rabah Fadlallah. Dans le cadre des accords de la France avec l’Allemagne (1894) et le Royaume-Uni (1898), le territoire du Tchad est reconnu comme une zone d’intérêts français. En 1899, les troupes françaises commencent à avancer dans la région du lac Tchad. En 1900, les troupes de Rabah sont vaincues à la bataille de Kousséri et le Tchad devient un protectorat français. En 1904, il est intégré à la colonie de l’Oubangui-Tchad, qui devient une partie de l’Afrique équatoriale française (AEF) en 1910. En 1914, le Tchad devient une colonie indépendante au sein de l’AEF.

L’indépendance

En 1946, le Tchad obtient le statut de territoire français d’outre-mer au sein de l’AEF. En 1958, le Tchad est proclamé république autonome au sein de la Communauté française. Le chef du gouvernement, François Tombalbaye, chef du Parti progressiste tchadien (PPT), est soutenu par les populations du sud du pays (principalement chrétiennes et animistes). Le 11 août 1960, la République du Tchad déclare son indépendance. M. Tombalbaye devient président et conserve le poste de premier ministre. La Constitution adoptée en 1962 consolide le régime présidentiel et limite les droits du parlement. La même année, tous les partis politiques, à l’exception du PPT, sont dissous. En 1966, une organisation politico-militaire secrète, le Front de libération nationale du Tchad (Frolinat), est créée pour rassembler l’opposition mécontente de la politique pro-française de Tombalbaye et de la domination de l’appareil gouvernemental du sud. Les troupes françaises ont été déplacées au Tchad pour réprimer le soulèvement antigouvernemental qui a rapidement embrasé le nord du pays.

Coup d’État militaire et guerre civile

Le 13 avril 1975, M. Tombalbaye a été tué lors d’un coup d’État militaire, et le général Félix Malloum, qui avait été libéré de prison, a pris les rênes de l’État. Un gouvernement de coalition a été formé en 1978, et l’un des chefs de guerre, Hissène Habré, a été nommé premier ministre. En 1979, des négociations entre chefs rebelles aboutissent à la mise en place d’un gouvernement transitoire d’union nationale, dirigé par Goukouni Oueddei, chef du Frolinat. Néanmoins, la rivalité entre les groupes militaires s’est poursuivie et, en mars 1980, elle a dégénéré en une guerre civile entre les troupes d’Oueddei et les Forces armées du Nord (FAN) de Hissène Habré. En novembre 1980, avec l’accord d’Oueddei, une intervention militaire de l’armée libyenne est lancée et, en l’espace d’un mois, elle prend le contrôle de la capitale N’Djaména. Le 6 janvier 1981, l’unification du Tchad et de la Libye en un seul État est annoncée. Sous la pression des États africains et de la France, M. Oueddei persuade Mouammar Kadhafi de retirer ses troupes du territoire tchadien, mais la bande d’Aouzou, dans le nord du pays, reste sous occupation libyenne. Début 1982, le groupe de Habré passe à l’offensive et occupe N’Djaména le 7 juin. Le 21 octobre, il est déclaré président du Tchad. Les partisans du gouvernement déchu, soutenus par l’armée libyenne, poursuivent la résistance dans le nord jusqu’en 1987.

Nouvelle Constitution

En 1990, un certain nombre de mouvements et d’organisations opposés au régime Habré ont formé le Mouvement patriotique du salut (MPS) au Soudan. En novembre 1990, des unités du MPS sous le commandement du général Idriss Déby envahissent le Tchad et prennent N’Djaména le 1er décembre. La Constitution est suspendue et l’Assemblée nationale dissoute. Le 4 décembre 1990, le MPS désigne son chef comme nouveau chef de l’État. En mars 1991, une Charte nationale est adoptée, autorisant une période de transition de 30 mois. Le multipartisme est instauré la même année. En 1993, une conférence nationale est organisée afin d’adopter la Charte de Transition, qui définit les fonctions du président, du gouvernement et du parlement. Le 31 mars 1996, un référendum a permis d’adopter une Constitution rédigée par le Haut Conseil de Transition, qui faisait office de parlement provisoire. En juillet 1996, M. Déby a été élu président lors de la première élection présidentielle alternative et, l’année suivante, des élections législatives multipartites ont été organisées, remportées par le MPS. En 2005, des amendements constitutionnels ont été adoptés pour supprimer la limite de deux mandats présidentiels. En 2006, M. Déby a été réélu pour un troisième mandat, en 2011 pour un quatrième mandat, et en 2016 pour un cinquième mandat présidentiel. Le 4 mai 2018, la nouvelle Constitution du pays est entrée en vigueur, abolissant la fonction de premier ministre et élargissant davantage les pouvoirs du président.

Nouvelle période de transition

Le 11 avril 2021, Idriss Déby Itno est réélu pour un sixième mandat à l’élection présidentielle avec 79,32%. Le jour même, les groupes rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact) envahissent le Tchad à partir de leurs bases en Libye. Le 17 avril, les principales forces rebelles ont été détruites. Le président, qui a personnellement dirigé l’opération visant à les neutraliser, est décédé le 20 avril des suites des blessures subies pendant les combats. Le pouvoir suprême au Tchad est transféré au Conseil militaire, dirigé par le fils de Déby, Mahamat. La Constitution est suspendue et la Charte de Transition prend le relais. Les militaires annoncent la dissolution du gouvernement et du parlement, ferment les frontières extérieures du pays et imposent un couvre-feu. Le 21 avril, la mise en place d’un conseil national de Transition et d’un gouvernement de Transition a été annoncée. Le 8 août 2022, des représentants du Conseil militaire de Transition et plus de 30 groupes rebelles ont signé un accord de paix à Doha, au Qatar. L’une de ses dispositions prévoyait un dialogue entre les principales forces politiques et sociales du Tchad afin de convenir des modalités de l’évolution politique future du pays. Le dialogue national s’est tenu à N’Djaména du 20 août au 8 octobre. Il a abouti à la nomination de Mahamat Idriss Déby comme président de la Transition, à la dissolution du Conseil militaire de Transition et au transfert de ses pouvoirs au chef de l’État, ainsi qu’à la tenue d’élections générales dans un délai de 24 mois. M. Déby Itno a pris officiellement ses fonctions le 10 octobre.

Le 13 octobre, Saleh Kebzabo à la tête de l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR), le plus grand parti d’opposition, a été nommé premier ministre. Le 15 octobre, un gouvernement d’union nationale a été formé.

Le 17 décembre 2023, un vote sur un nouveau projet de Constitution du pays se déroule au Tchad. Avec 85,9% de “oui”, la Constitution, signée par le président, est entrée en vigueur le 29 décembre. Le gouvernement d’union nationale a été dissous et un nouveau gouvernement a été formé en vertu de la nouvelle Constitution. Succès Masra, le président des Transformateurs, mouvement politique d’opposition, a été nommé premier ministre.

Le 6 mai 2024 se tient l’élection présidentielle qui est remportée par le président de la Transition, Mahamat Idriss Déby, avec 61% des suffrages exprimés. Investi président le 23 mai suivant, le président nomme Allamaye Halina comme premier ministre.

Structure de l’État

Le Tchad est une république présidentielle avec la Constitution du 29 décembre 2023.