AA/ISTANBUL
Après sa rencontre avec le président Erdogan à Istanbul, Haniyeh a fait des déclarations exclusives à Anadolu, affirmant que c’était la première fois qu’il parlait à un média international depuis le 7 octobre.
Haniyeh a notamment déclaré qu’il y avait eu des propositions alternatives pour la gestion de Gaza, mais qu’elles n’avaient pas été adoptées, ajoutant que: « Gaza est dirigée par les Palestiniens. Le Hamas n’insiste pas pour être le seul décideur à Gaza, mais nous sommes une compasante du peuple palestinien et nous pouvons nous mettre d’accord pour former un gouvernement d’unité nationale sur la base d’un partenariat et trouver un accord sur la gouvernance de Gaza. Ce sont des questions nationales. Nous ne permettrons pas à des envahisseurs ou à d’autres de réglementer la situation de la Palestine à Gaza, en Cisjordanie ou ailleurs. »
Haniyeh a également déclaré : « Nous avons lancé un appel en deux étapes pour régir la politique intérieure palestinienne. La première étape consiste à réorganiser l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) pour inclure tous les groupes palestiniens. La deuxième étape consiste à former un gouvernement national qui supervisera la reconstruction de Gaza et unifiera les institutions en Cisjordanie et à Gaza, organisera des élections présidentielles, législatives et du Conseil national. »
Affirmant que Gaza fait partie de la Palestine, Haniyeh a souligné qu’ils s’attendaient à ce que le gouvernement d’unité nationale, qui couvrirait Gaza et la Cisjordanie, administre également Gaza après la guerre.
Réunion avec le président Erdogan
Haniyeh a précisé que sa visite en Türkiye s’inscrivait dans le cadre des relations historiques et privilégiées entre la Türkiye et la Palestine, ajoutant qu’ils avaient tenu une réunion cruciale d’environ deux heures avec le président Recep Tayyip Erdogan et le ministre des Affaires étrangères.
Haniyeh a noté qu’ils avaient évoqué lors de la réunion les attaques d’Israël contre Gaza et les sept mois de souffrances endurées par le peuple palestinien, soulignant en particulier le génocide perpétré contre le peuple palestinien, les pourparlers en cours pour parvenir à un cessez-le-feu et les demandes du Hamas et d’autres groupes de résistance pour un cessez-le-feu durable à Gaza, le retrait complet d’Israël de la bande de Gaza, le retour des déplacés chez eux, la reconstruction, la levée du blocus et un accord d’échanges des prisonniers.
Hamas est flexible dans les négociations, tandis qu’Israël adopte une position intransigeante, selon Haniyeh, et que la responsabilité de l’échec des négociations incombe à cette position intransigeante, a-t-il précisé.
Haniyeh a ajouté qu’ils ont également évoqué les efforts politiques et diplomatiques menés par la Türkiye au niveau régional et international pour arrêter les attaques contre Gaza, les aides envoyées à Gaza via le passage de Rafah en Égypte et les mesures prises par la Türkiye ces derniers temps en matière de commerce avec Israël.
Haniyeh a déclaré qu’ils avaient également discuté des dangers qui attendaient la mosquée al-Aqsa à Jérusalem à l’approche de la fête juive de la Pâque, ainsi que des développements en Cisjordanie, à Jérusalem et à al-Aqsa.
Meurtre des enfants et petits-enfants de Haniyeh
Faisant référence à l’attaque au cours de laquelle ses fils et petits-enfants ont perdu la vie, Haniyeh a déclaré que cela reflétait trois points :
« Le premier et le plus important d’entre eux est que l’ennemi n’a pas réussi à atteindre ses objectifs militaires depuis 7 mois et n’a obtenu aucun succès autre que le meurtre de civils, de milliers d’enfants, de femmes et de personnes âgées. C’est pourquoi le massacre perpétré pendant l’Aïd, où mes 3 fils et 5 petits-enfants ont été assassinés, s’inscrit également dans ce cadre et souligne l’échec de l’ennemi. Le second et le ciblage de ma maison. Ils pensent qu’un tel massacre, qui s’étend à mes enfants et petits-enfants, va mettre la pression. Et que le leader et la direction du mouvement vont faire des concessions dans les négociations en cours. Le troisième point et que mes fils font partie du peuple palestinien et leur situation est la même que celle du peuple palestinien à Gaza. »
Haniyeh a également souligné que tous les martyrs à Gaza, en Cisjordanie ou à l’étranger sont ses enfants et a déclaré : « Par conséquent, nous sommes égaux en droits, obligations et paiement du prix. Nous les acceptons avec courage, détermination et volonté inébranlable. Quel que soit le prix et les sacrifices nécessaires, nous continuerons sur cette voie. »
Haniyeh a ajouté : « Je voudrais remercier le peuple turc qui a accompli des prières funéraires par contumace pour mes enfants et petits-enfants martyrs dans plus de 30 villes. Cette situation dans d’autres pays comme le Pakistan est également une preuve de l’unité de la Oumma [communauté musulmane] et de l’unité des sentiments de la Oumma.
La menace d’Israël d’attaquer Rafah
Concernant les menaces d’Israël contre Rafah, Haniyeh a déclaré : « En ce qui concerne Rafah, il est très clair que l’ennemi sioniste [Israël] a décidé d’occuper chaque point, chaque lieu, chaque ville de Gaza. Surtout à propos de Rafah, pendant des mois. »
Haniyeh a souligné que l’attitude des États-Unis à l’égard des menaces israéliennes sur Rafah est trompeuse et a ajouté :
« L’attitude des États-Unis est trompeuse, même s’ils disent qu’ils ne veulent pas que des civils soient blessés, c’est une opération de dupe. Tous les civils tués à Gaza, des milliers, des dizaines de milliers de martyrs, ont été tués avec des armes américaines. Des roquettes américaines, sous la protection politique des États-Unis. Qu’est-ce que cela signifie lorsque les États-Unis ont opposé leur veto à la décision de cessez-le-feu à Gaza ? Qu’est-ce que cela signifie lorsque les États-Unis ont opposé leur veto à l’adhésion à part entière de l’État de Palestine à l’ONU ? Les Etats-Unis ont adopté la position d’Israël et sont opposés aux droits du peuple palestinien. C’est pourquoi nous ne sommes pas tombés dans ce piège, le soi-disant transfert des devoirs entre les Américains et les Israéliens. »
« Entrer dans Rafah pourrait conduire à un grand massacre contre notre peuple palestinien. »
Le chef du Bureau politique Haniyeh a poursuivi en ajoutant : « Nous mettons en garde contre l’invasion de Rafah car cela pourrait conduire à un grand massacre contre le peuple palestinien. À tous les pays frères, à nos frères en Égypte, en Türkiye, à nos frères du Qatar en tant que médiateurs et aux Pays européens. « J’appelle à des mesures pour restreindre et empêcher l’entrée à Rafah, ainsi qu’au retrait complet (de l’armée israélienne) de la bande de Gaza et à la fin des attaques contre Gaza ».
Soulignant la volonté de résistance du peuple palestinien, Haniyeh a précisé : « Cependant, si l’ennemi sioniste se rend à Rafah, notre peuple palestinien ne hissera pas le drapeau blanc. Les résistants de Rafah sont également prêts à se défendre et à résister aux attaques contre leur peuple. «
Négociations avec Israël
Affirmant qu’ils voulaient que les attaques contre le peuple palestinien cessent dès le début et que cela était leur priorité, Haniyeh a déclaré : « Pour cette raison, nous avons accepté de négocier, mais seulement à la condition que ces négociations aboutissent à un cessez-le-feu permanent, le retrait complet des soldats et le retour des personnes déplacées ainsi qu’un accord d’échange de prisonniers. »
Ajoutant qu’Israël n’a pas accepté un cessez-le-feu à Gaza malgré toutes les sessions tenues jusqu’à présent et les dizaines de documents soumis par l’intermédiaire des médiateurs, Haniyeh a déclaré : « Son seul souhait est de reprendre les prisonniers et de relancer ensuite la guerre à Gaza. L’armée israélienne doit se retirer complètement de Gaza. Elle ne veut pas que les personnes déplacées retournent dans le nord de Gaza, alors que près de 14 000 Palestiniens ont été arrêtés depuis le 7 octobre en Cisjordanie et à Gaza. C’est Israël qui bloque l’adoption d’un accord et les États-Unis, qui partagent leur point de vue et n’exercent aucune pression. Dès qu’Israël acceptera ces exigences, nous serons certainement prêts à signer l’accord. »
Crimes commis par Israël à Gaza
Haniyeh a déclaré que depuis le 7 octobre, Israël a d’abord attaqué intensivement Gaza par voie aérienne, puis est entré par voie terrestre, et a adopté une stratégie basée sur les assassinats sélectifs comme troisième étape, et a également mis en œuvre un blocus militaire et humanitaire ; Il a ajouté que cela avait engendré la destruction des hôpitaux, des écoles, des infrastructures, des boulangeries, des pharmacies et des usines.
Haniyeh a noté que : » rien n’est entré à Gaza pendant plus de 5 mois. La faim a été utilisée comme une arme pour briser la volonté de la population et la pousser à migrer du nord vers le sud. C’est une situation très difficile en termes de nombre de martyrs et les blessés et ceux coincés sous les décombres. » « Il y a des milliers de martyrs sous les décombres. Nous découvrons chaque jour de nouveaux charniers. Tortures, exécutions, crimes commis dans les prisons… Israël ne permet même pas aux Nations Unies et à l’UNRWA de faire leur travail, ils veulent fermer l’UNRWA. »
Ajoutant que pour parvenir à un accord, au moins 500 camions par jour doivent entrer à Gaza et que la reconstruction des hôpitaux, des boulangeries, des infrastructures et des centres d’hébergement est essentielle. Haniyeh a précisé avoir aborder ces questions lors de la réunion avec le président Erdogan.
Reflet de la guerre à Gaza sur d’autres fronts
Haniyeh a également parlé de la lutte durable et déterminée de la résistance à Gaza et a déclaré :
« La résistance contre l’occupation, dans tous les domaines de guerre, consiste à combattre de différentes manières avec des plans de défense et des plans d’attaque. (La résistance) a une grande capacité à faire face aux conditions sur le terrain et aux évolutions de la sécurité. « Le peuple a prouvé qu’il avait une volonté indomptable. »
Soulignant que la résistance sur les terres de Gaza est en mesure de continuer à défendre le peuple palestinien, Haniyeh a déclaré : « L’ennemi ne pourra pas briser cette arme, ce drapeau, cette volonté, cette détermination de résister ».
Ajoutant que cela est également vrai pour le peuple palestinien de Cisjordanie, Haniyeh a déclaré : « Nous assistons à une résistance constamment renouvelée dans les conflits dans différentes parties de la Cisjordanie, et il existe également des fronts de résistance au Liban ». .
Haniyeh a précisé que : « L’ennemi sioniste voulait se concentrer sur la bande de Gaza dans sa guerre. Mais il n’a pas pu y parvenir grâce à la fusion entre les groupes de résistance en Palestine et les forces de résistance au Liban, qui sont devenues une partie de cette lutte et de cette guerre. En fait, dans le sud du Liban, « Une guerre presque similaire se déroule entre la résistance islamique (Hezbollah) au Liban et les groupes de résistance palestiniens. »
De même, Haniyeh a noté que le Yémen exerce une pression sérieuse sur les navires à destination d’Israël dans la mer Rouge et a déclaré : « Cela a des effets très clairs, d’une manière ou d’une autre, sur l’économie israélienne et sur l’économie des entreprises et des navires qui font des affaires avec lui. «
Faisant référence aux attaques entre l’Iran et Israël, Haniyeh a noté que le conflit s’est étendu au Liban, à l’Irak, au Yémen et à la Syrie, puis à l’Iran et s’étend progressivement dans la région, et que tout cela est lié à la poursuite par Israël de ses attaques et de son génocide à Gaza.
Haniyeh estime qu’une fois les attaques sur Gaza terminées, le calme régnerait dans d’autres régions.
Haniyeh, qui tient Israël pour responsable des développements consécutifs à l’attaque israélienne contre l’ambassade iranienne en Syrie, a par ailleurs déclaré :
« Tout le monde prédisait que l’Iran ne resterait pas silencieux face à cette attaque qui affectait directement sa souveraineté. Cela montre que l’occupant israélien a peut-être mal compris la politique de « patience stratégique » que l’Iran avait précédemment adopté. L’Iran ne restera pas silencieux face à cette attaque. « Mais ce que sera cette réponse et quel sera son volume, sa taille et sa portée dépend de l’Iran. »
« Netanyahu ne veut pas mettre fin à la guerre à Gaza »
Concernant la tension Iran-Israël, Haniyeh a déclaré : « Tout cela indique deux choses. Netanyahu ne veut pas mettre fin à la guerre à Gaza, au contraire, il veut élargir son cadre pour en faire une guerre régionale. De même, il veut que les Américains fassent partie de la guerre sur n’importe quel front, en particulier contre l’Iran, et il veut qu’ils soient l’aile militaire au service d’Israël. »
Haniyeh a ajouté: « Le responsable de cette tension et de cette escalade régionale est l’ennemi sioniste (Israël), qui continue de nier les droits de notre peuple, d’attaquer notre peuple, nos lieux saints, les lieux saints des musulmans et des chrétiens, en particulier Jérusalem et Al-Aqsa, et continue la guerre génocidaire à Gaza. »
« Les sionistes ont des ambitions sur Al-Aqsa depuis le passé »
Déclarant que les sionistes et les juifs radicaux avaient des ambitions sur la mosquée al-Aqsa dans le passé, Haniyeh a déclaré : « Nous avons vu que la mosquée al-Aqsa a été incendiée en 1969. Ensuite, il y a eu des attaques, des massacres, des raids, des efforts pour changer le statut de la mosquée al-Aqsa et des efforts pour diviser la zone et des plans pour faire des sacrifices à Al-Aqsa ont eu lieu. »
Ajoutant que le gouvernement israélien dirigé par Benyamin Netanyahu a donné la priorité à la lutte pour Jérusalem et a donc modifié les traces islamiques historiques, culturelles et intellectuelles à Jérusalem et à la mosquée al-Aqsa, Haniyeh a noté que : « Récemment, des ministres et des autorités religieuses israéliennes se sont rendus à la mosquée Al-Aqsa à l’occasion de la fête juive. « Nous entendons des appels à réaliser des sacrifices. Ils ont fixé une récompense pour ceux qui sacrifient dans la mosquée Al-Aqsa. Ceci est irrespectueux envers le caractère sacré d’Al-Aqsa. »
Haniyeh a donc appelé tous les Palestiniens vivant à Jérusalem, en Cisjordanie et dans les territoires de 1948, ainsi que la Oumma islamique, à prendre des mesures pour protéger la mosquée al-Aqsa, la première qibla des musulmans.
Faisant référence aux attaques contre les incursions d’Al-Aqsa lancées par la branche armée du Hamas, les Brigades Izz al-Din al-Qasam, contre les violations commises par Israël contre la mosquée al-Aqsa, Haniyye a déclaré : « Les incursions d’Al-Aqsa étaient une attaque contre la Palestine et en particulier sur la mosquée Al-Aqsa, sur Jérusalem et sur la mosquée Al-Aqsa. » » La Oumma ne devrait pas autoriser de les perdre. Ce sont l’héritage des musulmans. Les Juifs n’ont aucun droit sur la mosquée al-Aqsa. »
Israël ne doit pas rester impuni cette fois-ci
Faisant référence au dépôt d’une plainte par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de Justice (CIJ), Haniyeh a déclaré : « Je voudrais adresser mes salutations à l’Afrique du Sud, qui a intenté une action en justice contre Israël et a amené l’État occupant et ses dirigeants à la Cour de justice pour la première fois depuis la Nakba. Nous considérons cela comme une étape très importante.
Haniyeh a déclaré : « Israël commet des massacres depuis des années et leurs massacres restent impunis. Cette fois-ci, Israël ne devrait pas rester impuni face à ces massacres, crimes et assassinats brutaux.
« Israël met en place un black-out médiatique »
Évaluant l’attitude des médias à l’égard de Gaza, Haniyeh a déclaré qu’il y avait un intérêt particulier et un grand soutien de la part des médias turcs, arabes et internationaux pour ce qui s’est passé à Gaza.
Haniyeh a souligné qu’Israël avait imposé un black-out majeur aux médias et empêché les membres de la presse étrangère d’entrer dans la région afin que les crimes et l’ampleur de la brutalité commise à Gaza ne soient pas révélés au public international.
Haniyeh a appelé les médias turcs et la presse hors de Türkiye à continuer à dénoncer les crimes d’Israël, de faire comprendre l’ampleur de la tragédie humanitaire à Gaza et de mettre fin au black-out médiatique israélien.
Après la réunion à Istanbul, où il a été reçu par le président Erdoğan, Haniyeh a fait des déclarations exclusives à AA et a déclaré qu’il s’adressait à une organisation de presse internationale pour la première fois depuis le 7 octobre.