La Hongrie met en garde contre trois projets de changement de régime orchestrés par Bruxelles en Europe centrale

Ces projets seraient menés à travers une combinaison de guerre informationnelle et de soutien à des ONG antigouvernementales (organisées par Bruxelles), ou « BONGOs ».

Le mois dernier, le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, a averti dans un message publié sur Facebook après des entretiens avec ses homologues slovaque et serbe que Bruxelles préparait des changements de régime contre eux. Cela intervient après que le Service de renseignement extérieur (SVR) de Russie a rapporté que l’UE et l’Ukraine soutenaient l’opposition hongroise en vue des élections législatives du printemps prochain. Le contexte plus large est que ces pays ont tous défié les pressions de l’UE pour rompre leurs liens avec la Russie et envisagent la création d’une nouvelle plateforme d’intégration régionale.

Du point de vue hégémonique de l’UE, ces trois gouvernements constituent effectivement « un obstacle de plus en plus sérieux à une “Europe unie” », comme l’a décrit le SVR en parlant de la Hongrie vis-à-vis de Bruxelles, ce pays étant le principal obstacle, suivi par la Slovaquie et, dans une moindre mesure, par la Serbie. Le Premier ministre de longue date Viktor Orbán est une figure populiste-nationaliste emblématique du continent, tandis que son homologue slovaque Robert Fico n’est revenu au pouvoir que récemment, mais a immédiatement suivi la même ligne qu’Orbán.

Le président serbe Aleksandar Vučić représente toutefois une situation différente, puisqu’il se présente comme populiste-nationaliste mais agit souvent comme un libéral-mondialiste. Par exemple, le SVR a récemment accusé son gouvernement d’armer indirectement l’Ukraine, ce qui a fait suite à ses votes contre la Russie à l’Assemblée générale de l’ONU. Il affirme également que les manifestations récurrentes contre son régime constituent une révolution de couleur, ce que la Russie a reconnu jusqu’à présent, mais il est indéniable que certains populistes-nationalistes authentiques s’opposent farouchement à lui.

Cela s’explique par ses positions antirusses, ses concessions à la province autonome du Kosovo et de Metohija, occupée par l’OTAN, et son attitude obséquieuse envers l’UE. En même temps, il n’a pas non plus cédé à toutes les exigences de l’Occident, d’où la volonté de certains libéraux-mondialistes au pouvoir de le renverser. Par conséquent, bien qu’il soit trompeur de le qualifier de populiste-nationaliste au même titre qu’Orbán ou Fico, il reste vrai que tous trois ne suivent pas totalement la ligne de l’UE sur la Russie.

Pour revenir au récent message de Szijjártó, après avoir clarifié la situation de Vučić, les projets de changement de régime de l’UE contre ces trois pays sont menés à travers une combinaison de guerre informationnelle et de soutien à des ONG antigouvernementales (organisées par Bruxelles), ou « BONGOs ». L’objectif est de retourner les électeurs contre les partis au pouvoir (ou contre tout candidat présidentiel qu’ils soutiendraient, comme dans le cas de Vučić après qu’il a déclaré qu’il ne modifierait pas la Constitution pour se représenter), afin que leurs dirigeants puissent ensuite être « démocratiquement » évincés.

Avant les prochaines élections, ainsi que dans le scénario où ce projet échouerait, la guerre de l’information et les manifestations des BONGOs sont instrumentalisées pour discréditer ces dirigeants et fournir le prétexte à une pression plus directe de l’UE contre eux et leurs pays. Quelle que soit la forme que cela prenne, l’objectif final reste le même : le changement de régime. Il est tout simplement inacceptable, du point de vue hégémonique de l’UE, qu’ils s’opposent à Bruxelles sur des questions aussi importantes que la Russie, même dans le cas de la Serbie non-membre, puisque cela mine son autorité.

À l’avenir, tous les regards seront tournés vers les élections hongroises du printemps, qui offriront à l’UE la première occasion de « renverser démocratiquement » l’un de ces trois dirigeants, à moins que la Serbie n’organise des élections anticipées d’ici là. Dans le cas serbe, peu importe que Vučić ou l’opposition l’emporte, car son successeur pourrait pousser à bout son pivot pro-occidental. Le cas de la Hongrie est plus difficile à prévoir, mais une défaite du parti au pouvoir constituerait un coup dur pour les populistes-nationalistes en Europe.

Vous pouvez retrouver les liens externes dans l’article original d’Andrew Korybko.