AA / Nice / Feïza Ben Mohamed
L’ancien vice-président syrien Rifaat Al-Assad, est renvoyé devant la justice suisse pour des faits de « crimes de guerre et crimes contre l’humanité », selon une information relayée mardi par le journal Le Monde citant le parquet.
Visé par un avis de recherche depuis deux ans, l’oncle de l’actuel chef d’Etat syrien est en effet renvoyé devant le Tribunal pénal fédéral suisse pour des accusations d’une particulière gravité.
Selon le parquet fédéral, cité par Le Monde, Rifaat Al-Assad aurait « en sa qualité de commandant des Brigades de défense (Saraya Al-Difaa) et de commandant des opérations à Hama, ordonné des meurtres, des actes de torture, des traitements cruels et des détentions illégales ».
« Dans ce contexte, plusieurs milliers de civils auraient été victimes de diverses exactions, allant de l’exécution immédiate à la détention et la torture dans des centres spécialement créés, ce dont plusieurs témoignages font état », poursuit l’acte d’accusation qui précise que les faits se seraient produits en février 1982.
Cette procédure fait suite à un signalement effectué par l’ONG Trial International fin 2013.
Rifaat Al-Assad qui est retourné vivre en Syrie en 2021 avait par ailleurs quitté son pays en 1984 pour exercer ses fonctions de vice-président syrien depuis la Suisse puis depuis la France, où il a reçu la légion d’honneur des mains de François Mitterrand.
Il a en outre été définitivement condamné en France à une peine de 4 ans de prison par la Cour de Cassation en septembre 2022 pour des faits « de blanchiment en bande organisée de détournement de fonds publics syriens ».
Les faits incriminés se sont déroulés entre 1996 et 2016 et ont permis à l’homme âgé aujourd’hui de 85 ans, de se constituer un patrimoine avoisinant les 90 millions d’euros, en France.
Dans ce dossier, la justice a saisi deux hôtels particuliers, des dizaines d’appartements à Paris, un domaine avec château dans le Val-d’Oise et des bureaux à Lyon, en plus de 8,4 millions d’euros correspondant à des biens vendus.
Dans une déclaration exclusive à Anadolu, Maître Vincent Brengarth, avocat de l’ONG Sherpa, à l’origine de la procédure en France, considère que le renvoi de Rifaat Al-Assad devant la justice suisse est « une formidable nouvelle car c’est précisément un angle qui était dans tous les esprits au moment de la procédure ».
Il pointe néanmoins un « sentiment d’un décalage temporel dans le fait de d’abord juger les crimes d’argent avant les crimes de sang ».
Au cours de son procès français, ses avocats avaient plaidé la relaxe et assuraient que le patrimoine détenus par l’homme politique avait été acquis de manière parfaitement licite.
Maître Julien Visconti, qui le représentait dans cette affaire, avait estimé que son client était visé « pour deux raisons, son patronyme et son patrimoine ».
Photo NAC