« Les bases d’un bond d’envergure existent ». L’essentiel des négociations entre Loukachenko et Pezeshkian à Minsk

Le président du Bélarus, Alexandre Loukachenko, a tenu le 20 août des négociations avec le président de l’Iran, Massoud Pezeshkian. Le haut invité prévoyait de se rendre à Minsk dès le mois de juin, mais il en avait été empêché par les événements bien connus au Moyen-Orient. Quoi qu’il en soit, le report de la visite n’en a en rien diminué l’importance. Les présidents du Bélarus et de l’Iran ont mené des négociations substantielles qui ont duré près de quatre heures, dans une atmosphère chaleureuse et constructive. Quels ont été les résultats de cette rencontre et quelle direction prendra la coopération entre Minsk et Téhéran ? À lire dans l’article de BelTA.

« Nous faisons tout pour le bien de nos peuples ». C’est par ce principe que Loukachenko a défini l’amitié entre le Bélarus et l’Iran.

Le chef de l’État a chaleureusement accueilli son éminent invité, en remarquant que sa visite au Bélarus était initialement prévue pour juin de cette année, à la même période que le Forum économique eurasiatique et la réunion du Conseil économique suprême eurasiatique qui se tenaient à Minsk. Toutefois, en raison de circonstances bien connues — une nouvelle escalade militaire dans la région et des frappes contre les infrastructures nucléaires de l’Iran —, Massoud Pezeshkian n’avait pas pu se rendre à Minsk. Néanmoins, Alexandre Loukachenko a souligné que le report de la visite n’en diminuait en rien l’importance.

« Vous étiez et vous restez nos amis. Nous sommes attachés à l’exécution de tous nos engagements que nous avons pris envers la République iranienne. Vous êtes venus chez vos amis, et vous devez vous sentir ici comme parmi vos amis. S’il devait y avoir de notre part un certain manquement aux conditions sur lesquelles nous nous sommes accordés, je pense que nous en discuterons aujourd’hui dans une conversation franche et amicale », a déclaré le dirigeant bélarusse.

Alexandre Loukachenko et Massoud Pezeshkian
Bélarus et Iran
délégation iranienne à Minsk
Alexandre Loukachenko et Massoud Pezeshkian

Alexandre Loukachenko a également évoqué ses visites à Téhéran, qui, selon lui, avaient été empreintes d’hospitalité, ainsi que ses rencontres avec le Guide suprême de l’Iran, Ali Khamenei, à qui le président a demandé de transmettre ses vœux les plus chaleureux et amicaux.

Revenant à l’ordre du jour des négociations, le chef de l’État a souligné : « Nous sommes prêts à discuter de toutes les questions, il n’y a pas de sujets fermés pour nous. Nous sommes prêts à coopérer avec vous (sur toutes les questions. – Note de BelTA) : de l’approvisionnement de votre pays en denrées alimentaires jusqu’à la coopération militaro-technique. Je le souligne une fois de plus : ici, il n’y a aucun secret. Nous ne sommes pas amis contre qui que ce soit, nous faisons tout pour le bien de nos peuples – le peuple iranien et le peuple bélarusse. »

« Je voudrais confirmer que la République islamique d’Iran, pour le développement de ses relations avec la République du Bélarus, ne voit aucun sujet fermé, aucune restriction, et qu’elle est intéressée par le développement de relations globales avec le Bélarus », a déclaré de son côté Massoud Pezeshkian. Le président iranien a également confirmé la convergence des positions et des points de vue avec le Bélarus sur des questions d’importance mondiale.

Alexandre Loukachenko et Massoud Pezeshkian

« Bien entendu, nos vues communes doivent se concrétiser dans les domaines économique et culturel, dans le développement du tourisme entre nos pays, ainsi que, comme vous l’avez souligné, dans le développement de la coopération militaro-technique », a affirmé Massoud Pezeshkian.

Il a rappelé que l’Occident impose depuis plus de 40 ans diverses mesures restrictives contre l’Iran. Le Bélarus est lui aussi depuis longtemps sous sanctions occidentales. Le président iranien estime qu’une telle approche unilatérale et destructrice de la part des États-Unis et de leurs alliés dans le monde entier est inacceptable.

Massoud Pezeshkian

« Nos deux pays – le nôtre comme le vôtre – veulent rester indépendants. Et dans le cadre de décisions indépendantes, nous pouvons développer notre amitié et notre coopération », a souligné Massoud Pezeshkian. « Nous comprenons que la neutralisation de ces sanctions illégales peut passer par le développement de nos relations et par nos accords, qui seront mis en pratique. »

Coopération selon l’esprit d’Omar Khayyam : transformer de nouveaux défis en nouvelles opportunités

Lors des négociations en format élargi, le chef de l’État bélarusse a souligné que la visite du président de l’Iran marque une nouvelle étape dans le développement des relations bilatérales, dans le renforcement du partenariat entre les deux pays, fondé sur le respect mutuel et la confiance.

« Dans les conditions de la turbulence géopolitique, Minsk et Téhéran entreprennent des démarches cohérentes et réfléchies pour développer davantage leur coopération, et mènent un travail assidu afin de transformer chaque nouveau défi en une nouvelle opportunité », a déclaré le dirigeant bélarusse.

délégation iranienne à Minsk

À cet égard, Alexandre Loukachenko a cité le grand philosophe et poète persan Omar Khayyam : « Celui qui cherche des perles doit plonger dans les profondeurs. » « En surmontant les obstacles, nous trempons notre volonté, nous développons et construisons des États forts et indépendants », a souligné le président du Bélarus.

Il a rappelé que l’accord sur la visite du président de l’Iran à Minsk avait été conclu lors de la rencontre des deux dirigeants à l’automne 2024 à Kazan, en marge du sommet des chefs d’État des BRICS. Pour le Bélarus, cet événement est marquant, car le pays y a officiellement obtenu le statut de partenaire de cette organisation internationale.

« Je suis convaincu que l’intensification des efforts conjoints dans le cadre des organisations internationales peut avoir un impact positif sur l’expansion des liens économiques. Une direction importante est l’amélioration de l’interconnexion des transports et le développement du corridor Nord-Sud grâce au potentiel de l’OCS », a déclaré Alexandre Loukachenko.

Selon lui, un effet positif se fait également sentir grâce aux réunions régulières de la commission mixte bélarusso-iranienne sur les questions de coopération économique (la précédente s’est tenue à Minsk en janvier de cette année).

Bélarus et Iran

« Les bases d’un bond d’envergure existent ». Loukachenko est convaincu que le Bélarus et l’Iran doivent accélérer

En caractérisant la coopération entre les deux pays dans différents domaines, le chef de l’État a souligné : « Disons-le franchement : nous avançons seulement avec assurance, alors qu’au vu de la situation actuelle, il faut non pas marcher, mais courir. Le fondement d’un bond d’envergure existe. Et vous, Monsieur le Président, l’avez dit très justement : nous avons amplement de ressources pour un développement dynamique. »

Au cours des cinq dernières années, le commerce bilatéral a été multiplié par cinq. « Le rythme est bon, mais les volumes mériteraient d’être plus importants, a remarqué le président. Depuis le début de cette année, malgré toutes les difficultés, nous avons encore progressé d’un tiers. »

En Iran, la production bélarusse issue de l’industrie du bois, de l’industrie chimique et les engrais potassiques sont très demandés. Au Bélarus, on a apprécié non seulement les fruits et noix iraniens, mais aussi les produits de haute technologie, notamment dans le domaine de la santé.

« Le Bélarus est prêt à réaliser des projets communs dans le domaine de la coopération industrielle pour la production de machines d’extraction, de tracteurs et de matériels agricoles. Ici, nous sommes disposés à créer avec vous des sites de production conjoints, des entreprises communes (dans des conditions normales) et à localiser notre équipement en Iran, a souligné Alexandre Loukachenko. Nous comptons sur le développement de la coopération dans les domaines de l’investissement, de la finance et du transport, ainsi que dans les domaines scientifique et technique, et dans d’autres secteurs importants tels que l’éducation, la santé et le sport. »

Massoud Pezeshkian

Le chef de l’État s’est exprimé séparément sur la coopération dans le domaine humanitaire. Ce thème est important, car à travers les échanges culturels, les peuples découvrent les traditions et l’histoire les uns des autres, ce qui favorise une meilleure compréhension et, à terme, un approfondissement des liens amicaux.

En outre, le chef de l’État a souligné le travail actif mené au niveau interrégional, en insistant sur l’intérêt du Bélarus pour le développement des relations existantes et l’élargissement de leur géographie.

Le droit à l’atome pacifique et la capacité de maîtriser ses émotions comme facteur de maintien de la paix

Au cours des négociations, les chefs d’État n’ont bien entendu pas pu ignorer la question de la sécurité dans la région. Comme on le sait, la situation y est devenue extrêmement tendue après un nouveau cycle d’escalade militaire entre Israël et l’Iran, qui a entraîné l’implication directe des États-Unis dans le conflit.

« L’affrontement par la force constitue une menace sérieuse pour la stabilité et la sécurité régionales et internationales, surtout en lien avec les frappes contre les infrastructures iraniennes, y compris nucléaires, qui sont placées sous le contrôle de l’AIEA », a souligné Alexandre Loukachenko lors de son échange avec les représentants des médias à l’issue des négociations. « Nous soutenons le droit légitime de l’Iran à développer l’atome pacifique. Je suis convaincu que, pour parvenir à une paix durable, il est important de s’abstenir de toute action pouvant provoquer une nouvelle escalade. La sagesse et la clairvoyance doivent l’emporter sur les émotions et les préjugés. »

Dans le même temps, la position du Bélarus sur cette question demeure cohérente et ferme. Le chef de l’État, Alexandre Loukachenko, l’avait déjà déclaré ouvertement lors de la phase la plus aiguë — en juin de cette année, lorsque, pour des raisons objectives, le président de l’Iran n’avait pas pu venir en visite à Minsk ni participer au sommet des dirigeants de l’Union économique eurasiatique.

Alexandre Loukachenko et Massoud Pezeshkian

Pour une position aussi ferme et résolue face aux attaques contre les installations iraniennes, Massoud Pezeshkian a tenu, lors de sa visite actuelle, à remercier tout particulièrement le président du Bélarus et ses collègues de l’UEEA. « Votre intervention au sommet des chefs d’État de l’UEEA a été très substantielle, a-t-il déclaré à Alexandre Loukachenko. Vous avez rappelé l’amère expérience de la centrale nucléaire de Tchernobyl et affirmé que nous devions empêcher tout développement des événements dans une telle direction, tout en condamnant les attaques contre les installations nucléaires pacifiques de l’Iran. »

Le président iranien a indiqué que ces attaques avaient été menées en violation de toutes les normes et standards internationaux. « En réalité, les États-Unis ont piétiné le droit international et toutes les normes universellement reconnues. La République islamique d’Iran n’a jamais déclenché de guerre contre qui que ce soit. Mais lorsque nous devenons la cible d’attaques, nous devons y répondre en conséquence », a-t-il souligné.

Massoud Pezeshkian est convaincu que ces attaques visaient non seulement l’Iran, mais aussi l’ensemble des pays indépendants du monde : « Nous comprenons que l’Occident collectif veut dominer toute la région. »

Un passage du partenariat à un nouveau niveau – stratégique

À l’issue des négociations, Alexandre Loukachenko les a qualifiées de très substantielles, et l’atmosphère dans laquelle elles se sont déroulées de chaleureuse et constructive. « Il ne pouvait en être autrement. Nos États souverains sont liés par plus de 30 ans de coopération fructueuse, fondée sur une amitié sincère et le respect », a souligné le chef de l’État.

Selon lui, les deux parties ont atteint de bons résultats, qui permettront d’apporter des avancées positives dans la coopération bilatérale. « Un bon aboutissement de ces avancées sera, si nous préparons et signons dans un avenir proche, comme convenu avec le président, un traité de coopération stratégique », a déclaré Alexandre Loukachenko.

Le dialogue entre les deux pays reposera à l’avenir, comme auparavant, sur le principe de la confiance mutuelle et en tenant obligatoirement compte des intérêts de chacun.

Massoud Pezeshkian

Alexandre Loukachenko a souligné que le Bélarus considère l’Iran comme un partenaire politique et économique important, non seulement dans la région asiatique, mais aussi sur la scène internationale dans son ensemble. « Ces dernières années, grâce à nos efforts conjoints, nous avons réussi à atteindre des progrès significatifs : nous développons rapidement notre coopération dans différents domaines prioritaires pour nos deux pays », a-t-il déclaré. Parmi les domaines auxquels une attention particulière a été accordée lors des négociations figurent le développement du commerce et de la coopération industrielle, la coopération en matière d’investissements, ainsi que la mise en œuvre d’initiatives conjointes dans les domaines de la science, des technologies et de l’éducation.

Au “collectif occidental” – une réponse collective aux sanctions

Alexandre Loukachenko a souligné que le Bélarus et l’Iran, en tant que participants responsables à la coopération internationale, partagent des valeurs communes et les principes de l’interaction entre États souverains, et aspirent à construire un monde multipolaire dans lequel chaque pays détermine lui-même sa voie de développement sans ingérence extérieure.

« Le Bélarus considère comme du terrorisme économique les mesures restrictives illégales imposées contre Minsk et Téhéran par l’Occident collectif, a déclaré le chef de l’État. Nos républiques résistent avec succès à cette guerre de sanctions agressive et hypocrite. »

Alexandre Loukachenko

Le président du Bélarus a souligné que ce travail est soutenu par les démarches actives du Bélarus et de l’Iran au sein de l’ONU, de l’OCS, des BRICS et d’autres structures qui façonnent aujourd’hui un nouvel ordre du jour du partenariat international, plus juste et constructif.

Alexandre Loukachenko a ajouté que le Bélarus salue l’implication de l’Iran dans les processus commerciaux et économiques de l’Union économique eurasiatique (UEEA). Le lancement de l’accord de libre-échange à part entière entre l’UEEA et l’Iran élargit la géographie des relations commerciales et ouvre de nouveaux marchés aux pays membres. Le président est convaincu qu’il s’agit là d’une contribution importante à la formation des bases d’un partenariat stratégique de long terme entre l’Iran et l’UEEA, qui renforcera la sécurité économique de tous ses participants.

« L’Iran nous presse d’utiliser plus activement l’axe logistique passant par la Russie et l’Iran. Russie, Arménie, Iran, puis le golfe Persique. Ils insistent ! Mais en réalité, c’est nous qui en avons besoin avant tout », a constaté le chef de l’État.

Actualiser les plans et fixer les priorités. Quels documents ont été signés à l’issue de la visite

À l’issue des négociations au sommet au Palais de l’Indépendance, le Bélarus et l’Iran ont signé un ensemble de documents couvrant divers domaines de coopération. Parmi eux figurent un accord sur la navigabilité entre les structures compétentes des deux pays, des mémorandums de coopération et de compréhension mutuelle dans les domaines de l’environnement et de la foresterie, du tourisme, de la santé, de la médecine vétérinaire, de la normalisation et des médias, ainsi que sur le développement des investissements dans les zones franches.

Le dirigeant bélarusse a attiré l’attention sur le fait que les négociations entre les délégations sectorielles du Bélarus et de l’Iran ont démontré l’intérêt mutuel des deux parties à poursuivre la mise en œuvre des projets communs prévus. « La coopération entre le Bélarus et l’Iran dans le domaine humanitaire possède un potentiel considérable pour le développement des liens culturels, l’échange de connaissances et d’expériences, ce qui contribue à approfondir la compréhension mutuelle et l’amitié entre nos peuples », a affirmé le chef de l’État.

Alexandre Loukachenko et Massoud Pezeshkian

Le président du Bélarus a déclaré qu’il avait été décidé d’intensifier la coopération dans le domaine scientifique et technique et de tenir cette année à Minsk la huitième réunion de la commission mixte bélarusso-iranienne sur la coopération dans le domaine de l’enseignement supérieur, de la science et des technologies.

Alexandre Loukachenko a assuré Massoud Pezeshkian que la partie bélarusse ferait tout son possible pour mettre rapidement en œuvre les accords conclus à tous les niveaux et dans tous les domaines. « Je suis convaincu que les documents signés aujourd’hui contribueront à un élargissement significatif du partenariat entre nos pays amis », a ajouté le chef de l’État.

Le document le plus important, de par son statut et sa signification conceptuelle pour les deux parties, signé à l’issue des négociations à Minsk, est la déclaration conjointe des présidents sur le développement approfondi des relations entre le Bélarus et l’Iran.

Comme l’a expliqué Alexandre Loukachenko, cette déclaration actualise les plans des deux parties et fixe les priorités pour atteindre les objectifs définis dans la feuille de route de la coopération globale, signée lors de la visite du président du Bélarus en Iran en mars 2023, déjà en cours de mise en œuvre et prévue jusqu’en 2026.

« Nous nous sommes entendus avec le président (de l’Iran. – Note de BelTA), à l’initiative de nos ministères des Affaires étrangères, pour réexaminer une nouvelle fois prochainement les principales dispositions de notre feuille de route. Ce qui est très pertinent et nécessaire pour nous, nous le conserverons et nous l’exécuterons sans faute », a déclaré le président du Bélarus.

La déclaration reflète la convergence des positions des deux parties sur les questions bilatérales, régionales et internationales, et confirme l’orientation vers une intensification progressive des liens traditionnellement amicaux et stratégiques entre le Bélarus et l’Iran.

délégation iranienne à Minsk

Les deux parties ont exprimé leur satisfaction quant au développement dynamique et constant de la coopération bélarusso-iranienne, marqué ces dernières années par des échanges actifs de visites aux plus hauts niveaux, ce qui confère un caractère stable aux relations interétatiques établies et contribue à leur approfondissement dans tous les domaines.

La déclaration précise que le Bélarus et l’Iran construisent leurs relations sur la base des principes d’égalité souveraine, d’intégrité territoriale, d’indépendance, de non-ingérence dans les affaires intérieures de chacun, de coopération de bonne foi et de respect mutuel des intérêts. Les parties ont également réaffirmé l’importance et la nécessité du respect du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’autres pays, du non-recours à la force ou à la menace de la force, du principe de coopération mutuellement avantageuse au service de la paix, de la stabilité et du développement, ainsi que du respect des normes du droit international et de la Charte des Nations unies.

Alexandre Loukachenko et Massoud Pezeshkian