Journée de la libération de l’Afrique australe

Dossier TASS. Le 23 mars marque la Journée de la libération de l’Afrique australe.

Origine de cette date

La Journée de la libération de l’Afrique australe a été instituée en août 2018 pour marquer la victoire (30 ans plus tôt) des troupes angolaises contre les rebelles de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita) et contre l’armée raciste sud-africaine lors de la bataille de Cuito Cuanavale. Cette journée, fériée en Angola, est instaurée par la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et est célébrée en Afrique du Sud, en Angola, au Botswana, en République démocratique du Congo, au Zimbabwe, au Lesotho, à Maurice, au Mozambique, en Eswatini (ex-Swaziland) et dans d’autres pays de la région.

Guerre civile en Angola

Au lendemain de l’accession de l’ancienne colonie portugaise à l’indépendance en 1975, un conflit éclate en Angola entre les trois principales forces politiques et militaires du pays: le jeune gouvernement socialiste du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) d’Agostinho Neto se heurte à la vive opposition des forces nationalistes anticommunistes, le Front national de libération de l’Angola (FNLA) et à l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (Unita). Des troupes du Zaïre (actuel RDC) et d’Afrique du Sud envahissent le pays pour soutenir les formations du FNLA et de l’Unita, tandis que les États-Unis soutiennent militairement et financièrement l’Unita. De son côté, le gouvernement du MPLA reçoit un soutien matériel et militaire de Cuba et de l’Union soviétique (environ 11.000 soldats soviétiques et plus de 60.000 soldats cubains vont être déployés en Angola entre 1975 et 1991). Cette guerre civile est considérée comme l’un des fronts de la guerre froide, qui a d’ailleurs impliqué d’autres pays qui de facto étaient victimes de l’agression militaire de l’Afrique du Sud: le Botswana, la Namibie, le Mozambique et le Zimbabwe.

Bataille de Cuito Cuanavale et son importance

En 1987, les Forces armées populaires de libération de l’Angola (Fapla), avec l’appui des Forces armées révolutionnaires de Cuba, ont lancé une grande offensive contre les positions des rebelles de l’Unita dans le sud-est du pays, avec notamment pour cibles, leurs bases situées dans les villes de Mavinga et de Jamba. Cependant, les troupes sud-africaines ont stoppé leur progression et lancé une contre-offensive. Les principaux combats se sont déroulés autour de Cuito Cuanavale, une petite localité dotée d’un aérodrome militaire au confluent des rivières Cuito et Cuanavale. C’est là que, du 14 août 1987 au 23 mars 1988, les troupes gouvernementales angolaises, soutenues par des troupes cubaines et des spécialistes militaires soviétiques, ont résisté aux assauts des troupes sud-africaines et des rebelles de l’Unita. Parfois qualifiée de « Stalingrad africaine », cette bataille a été le plus grand conflit militaire en Afrique après la Seconde Guerre mondiale. Elle a mobilisé environ 70.000 hommes des deux côtés, et a fait quelque 8.000 morts.

Bien qu’aucun des deux camps belligérants n’ait obtenu un avantage décisif, la bataille de Cuito Cuanavale est considérée comme un moment décisif dans la guerre civile angolaise. Les pertes subies par l’Unita et ses alliés (plus de 3.000 rebelles et plus de 40 militaires sud-africains) ont conduit au retrait progressif des troupes sud-africaines des « États de la ligne de front ». Dès 1988, un accord a été conclu avec la participation de Cuba, de l’Union soviétique, de l’Afrique du Sud et des États-Unis pour mettre fin au soutien américain à l’Unita et retirer les troupes cubaines d’Angola (le MPLA et l’Unita ont conclu des accords de paix en 1992, mais le conflit a rapidement repris et s’est poursuivi jusqu’en 2002). Cette bataille a également ouvert la voie au démantèlement de l’apartheid (en 1994, le pays a tenu ses premières élections démocratiques non raciales au suffrage universel avec la participation de la majorité noire) et à l’indépendance de la Namibie en 1990.