Histoire du Cambodge

Dossier TASS. Il y a 71 ans, le 9 novembre 1953, le Cambodge proclame son indépendance vis-à-vis de la France. Cette journée est célébrée comme fête nationale dans le pays.

Le premier État connu sur le territoire du Cambodge moderne était Funan (également appelé Nokor Phnom), il a existé du Ier au VIe siècle après J.-C. Au VIe siècle, un autre État khmer, Chenla, a été formé ici. L’État cambodgien a atteint sa plus grande prospérité aux IXe et XIIIe siècles, sous l’Empire khmer. Il occupait les territoires du Cambodge, du Vietnam, de la Thaïlande et du Laos actuels.

Période coloniale

À la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècles, le pays est en dépendance du Vietnam et du Siam (Thaïlande). En 1863, il devient un protectorat et en 1884 pratiquement une colonie de la France. Il est occupé par les troupes japonaises de 1940 à 1945.

En 1946, le roi Norodom Sihanouk (depuis 1941) obtient l’autonomie du Cambodge dans le cadre de l’Union française (association entre la République française et les territoires et États associés). La même année voit la création des premiers partis politiques et l’organisation de premières élections. La Constitution est approuvée l’année suivante pour établir une monarchie constitutionnelle.

En novembre 1949, la France reconnaît le Cambodge en qualité d’État indépendant et celle-ci confirme son adhésion à l’Union française en qualité d’État associé (l’indépendance n’est pas totale, la politique étrangère restant sous contrôle français).

Indépendance et début de la guerre civile

Sur fond de l’intensification de la lutte de libération nationale (les premières manifestations remontant à la fin des années 1940), où le rôle principal revient au mouvement partisan khmer Issarak qui œuvre en faveur de l’indépendance totale du pays, la France annonce officiellement, le 9 novembre 1953, que son administration cesse ses activités au Cambodge et qu’elle en retire ses troupes. Le Cambodge est proclamé indépendant. Cependant, les troupes françaises ne quittent le pays qu’en 1954, après la Conférence de Genève de la même année qui a appelé à la démilitarisation du Cambodge. Le pays obtient sa pleine indépendance avec le retrait de l’Union française en septembre 1955.

La même année, Norodom Sihanouk abdique au profit de son père, Norodom Suramarit. Après la mort de celui-ci en 1960, il crée le poste de chef d’État et l’occupe à l’issue d’élections. Son gouvernement réalise une série de réformes mais à la fin des années 1960, la fuite des investissements étrangers après la nationalisation des banques aiguise les problèmes sociaux, augmente le coût de la vie et fait monter le chômage. Un soulèvement paysan a lieu en 1967, mais il est réprimé. Dans ce contexte, le Parti communiste met en place une branche militaire dirigée par Pol Pot: les détachements des Khmers rouges. L’année suivante, ceux-ci lancent une lutte armée contre le gouvernement de Sihanouk.

Sihanouk est destitué en mars 1970 lors d’un coup d’État et le pays instaure le régime pro-américain du général Lon Nol. Le pays est rebaptisé République khmère. Cependant, les forces soutenant Sihanouk et les Khmers rouges qui concluent une alliance avec elles s’élèvent contre Lon Nol. Ils forment le Front uni national du Kampuchéa (FUNK), soutenu par le Nord-Vietnam et la Chine. Des troupes américaines et sud-vietnamiennes sont introduites dans le pays pour soutenir Lon Nol qui lance la lutte contre le FUNK. Mais le gouvernement de celui-ci tombe après le retrait des troupes américaines et la réduction de l’aide militaire en avril 1975.

Régime des Khmers rouges en 1975-1979

Le pouvoir passe aux mains des Khmers rouges. Après avoir rebaptisé le pays Kampuchéa démocratique, ils mettent le cap sur l’édification du « socialisme agraire »: les entreprises industrielles sont fermées, les citadins sont réinstallés de force à la campagne où se forment ce qui est appelé communes populaires et armées du travail, l’argent et les biens personnels sont abolis. L’intelligentsia, les responsables et les militaires du régime précédent ainsi que les religieux et les minorités nationales subissent une répression massive. Les Khmers rouges déclenchent la guerre avec le Vietnam (qui devient après l’unification du Nord et du Sud la République socialiste du Vietnam).

Les premiers soulèvements contre le régime se produisent dès 1975. Peu à peu, le pays voit se former des secteurs libérés de la terreur de Pol Pot. Le Front uni national pour le salut du Kampuchéa (FUNSK) voit le jour en 1978 avec la participation du Vietnam et regroupe les forces pro-vietnamiennes et anti-Pol Pot. En décembre 1978, les troupes vietnamiennes entrent sur le territoire du Kampuchéa et prennent la capitale Phnom Penh en janvier 1979.

Selon les estimations du gouvernement, les crimes des Khmers rouges ont provoqué la mort 2,75 millions de personnes, soit environ un quart de la population du pays. Cependant, certains chercheurs estiment que ce chiffre inclut les victimes de la guerre civile et tous ceux qui sont morts de faim et de maladies ainsi que lors de bombardements ou d’exécutions entre 1970 et 1979.

Le pays dans les années 1980-1990

En 1979, le pays devient République populaire du Kampuchéa. Le pouvoir passe au gouvernement de Heng Samrin. Un retrait progressif des troupes vietnamiennes est entamé en 1983 pour s’achever en 1989. Les Khmers rouges poursuivent la guérilla et ce n’est que dans les années 1990 qu’une partie des détachements signe un traité de paix avec le gouvernement et bénéficie d’une amnistie.

En 1985, Hun Sen vient remplacer le pro-vietnamien Heng Samrin et met en place une administration de coalition avec la participation des dirigeants de l’opposition. Il accepte la médiation des Nations unies pour résorber le conflit politique interne. En 1989, le pays est rebaptisé État du Cambodge. La Conférence internationale de Paris sur le Cambodge donne lieu en 1991 à la signature d’accords prévoyant le retour de la monarchie et la tenue d’élections générales sous l’égide de l’Autorité provisoire des Nations unies au Cambodge (Apronuc). En mai 1993, des élections parlementaires se tiennent sous les auspices de l’ONU. Une nouvelle Constitution entre en vigueur et le Royaume du Cambodge est restauré sous la direction du roi Norodom Sihanouk. Le mandat de l’Apronuc expire le même mois.

Le Cambodge aujourd’hui

En 2004, le fils de Norodom Sihanouk, Norodom Sihamoni, est élu roi. Le poste de premier ministre revient jusqu’en 2023 (pendant près de 40 ans) à Hun Sen, représentant du Parti du peuple cambodgien (KPK) et son président depuis 2015. Le parti a régulièrement obtenu, depuis 1998, la majorité aux élections législatives. Il forme depuis 2013 un gouvernement de parti unique. Et bien que Hun Sen soit critiqué par la communauté internationale au sujet de son régime autoritaire, le Cambodge est passé sous sa direction d’un pays dévasté par la guerre civile en un État à développement dynamique.

En août dernier, Hun Sen a été remplacé au poste de premier ministre par son fils Hun Manet, lui aussi membre du KPK. Le passage du pouvoir est devenu possible après la victoire du parti aux élections de juillet 2023 qui lui ont permis d’obtenir 120 des 125 sièges au parlement.

Le Cambodge est un pays essentiellement agraire. Le territoire cambodgien contient des gisements de minerai de fer, de pierres précieuses, d’étain et de manganèse. Les principaux secteurs de l’économie sont le tourisme et l’industrie textile. En 2023, le Cambodge a exporté des vêtements et des textiles (60% des exportations du pays) pour une valeur de 8 milliards de dollars. Le pays achète des produits pétroliers, des matériaux de construction, des machines-outils, des voitures et des médicaments.

Les principaux partenaires commerciaux du Cambodge sont les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean, 10 membres), les États-Unis, l’Union européenne, la Chine, le Japon et la République de Corée.