Les États-Unis et l’Iran auront du mal à revenir à l’accord nucléaire (Washington Post)

WASHINGTON, 11 avril. /TASS/. La reprise par les États-Unis et l’Iran du respect mutuel des engagements prévus par le Plan d’action global commun (PAGC) sur le nucléaire iranien semble hautement improbable. C’est l’analyse livrée récemment par le Washington Post.

Le quotidien avance que cette perspective est entravée à la fois par la position du président américain Donald Trump qui qualifiait l’accord de « pire transaction de l’histoire » et par celle de l’Iran, qui, depuis le retrait des États-Unis, a considérablement renforcé son programme nucléaire.

D’après l’expert américain Ali Vaez, spécialiste de l’Iran, si les discussions prévues en Oman permettent à Téhéran et à Washington de s’entendre sur l’ampleur des restrictions à imposer au programme nucléaire iranien, les deux parties pourraient, à terme, engager un dialogue direct en vue d’un nouvel accord, portant cette fois sur les aspects techniques. Dans le cas contraire, prévient-il, la République islamique s’exposerait à des sanctions encore plus sévères, qui pourraient la pousser à se retirer du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).

Une rencontre entre représentants américains et iraniens est prévue le 12 avril en Oman pour débattre des conditions d’un éventuel règlement de la question nucléaire. La Maison-Blanche affirme que les discussions se tiendront en face à face, tandis que Téhéran assure qu’elles se dérouleront par l’intermédiaire de médiateurs. La délégation américaine sera conduite par l’envoyé spécial du président, Steven Witkoff, tandis que la partie iranienne sera représentée par le ministre des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.

Téhéran demande une révision du PAGC, incluant une clause qui permettrait de sanctionner toute partie se retirant unilatéralement de l’accord à l’avenir. Les États-Unis, pour leur part, exigent non seulement la fin de tout développement à vocation militaire du programme nucléaire iranien, mais aussi le démantèlement complet de l’ensemble des installations nucléaires du pays. Washington réclame en outre que l’Iran cesse de soutenir ses alliés au Moyen-Orient et limite strictement son programme de missiles balistiques.

L’Iran, de son côté, rejette catégoriquement toute tentative visant à restreindre ses capacités diplomatiques ou de défense, et réaffirme son droit au développement de l’énergie nucléaire civile.

Le dossier nucléaire iranien

En 2015, l’Iran, le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Chine, la Russie, les États-Unis et la France ont signé le Plan d’action global commun (PAGC), mettant fin à la crise qui avait débuté en 2002 en raison des accusations occidentales selon lesquelles Téhéran cherchait à développer des armes nucléaires. Cependant, en 2018, le président américain Donald Trump a annoncé le retrait des États-Unis du PAGC et a rétabli toutes les sanctions américaines contre l’Iran.

En réponse, en 2020, l’Iran a annoncé qu’il réduisait ses engagements dans le cadre du PAGC et limitait l’accès des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Les négociations visant à restaurer l’accord nucléaire, menées à Vienne entre 2021 et 2022, se sont soldées par un échec. De retour à la Maison-Blanche en 2025, M. Trump a signé un décret sur la réinstauration de la politique de « pression maximale » sur l’Iran et a menacé d’utiliser la force militaire si Téhéran ne consentait pas à signer un nouvel accord avec Washington.

Le 7 mars, Donald Trump a annoncé avoir envoyé un message à Ali Khamenei lui proposant des négociations sur le programme nucléaire. Téhéran a rejeté un dialogue direct avec les États-Unis, mais a accepté que les négociations continuent par l’intermédiaire de médiateurs.

Le 30 mars, Donald Trump a déclaré qu’il imposerait des droits de douane supplémentaires sur l’Iran dans les deux semaines si les négociations sur le programme nucléaire n’aboutissaient pas. Il a aussi menacé d’effectuer des bombardements sans précédent contre la République islamique en cas de rejet total de l’accord. En réponse, M. Khamenei a affirmé qu’il ne croyait pas en une intervention militaire des États-Unis, mais a averti que toute tentative de Washington de provoquer des troubles en Iran rencontrerait une résistance ferme.

Le 18 octobre, les pays occidentaux pourraient activer le mécanisme snapback, permettant de rétablir automatiquement les sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU contre Téhéran. L’Iran a averti que, dans ce cas, il se retirerait du traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, bien que le développement d’armes nucléaires soit officiellement interdit dans le pays par une fatwa de M. Khamenei datant de 2003.

Photo AP/TASS