Indépendance de l’île Maurice

Le 12 mars est la date du 56e anniversaire de la proclamation de l’indépendance de l’île Maurice

Période coloniale

En 1598, des marins hollandais débarquent sur cet État insulaire et le baptisent Mauritius en l’honneur du prince Maurice van Nassau, le stadtholder (ou gouverneur) de Hollande. À partir du milieu du XVIIe siècle, un groupe de colons s’y installent en permanence avec des esclaves noirs en provenance d’Afrique de l’Est et de Madagascar. Cependant, en 1710, les Hollandais quittent l’île après l’avoir dépouillée de ses réserves d’ébène et à cause aussi de conditions climatiques difficiles.

Cinq ans après le départ des Hollandais, les Français arrivent sur l’île en 1715 et y établissent une colonie permanente en 1721. De 1722 jusqu’en 1767, l’île est administrée par la Compagnie française des Indes orientales, qui la rebaptise Île de France. Il faut noter qu’en 1735, la ville de Port-Louis est fondée, avec notamment une base navale et un centre de construction navale. L’économie de l’archipel était basée sur les plantations de canne à sucre.

En 1810, c’est au tour des Britanniques de s’emparer de l’Île de France et des petites îles voisines. L’archipel reçoit le nom de Maurice, qui sera ensuite étendu aussi à l’ensemble des colonies voisines. Entre 1833 et 1835, l’esclavage est interdit sur l’île. Les autorités britanniques commencent alors à y amener des ouvriers indiens pour travailler dans les plantations, et les descendants de ces Indiens vont constituer plus tard la majorité de la population.

Après la Première Guerre mondiale, un mouvement de libération nationale voit le jour à Maurice. En 1936, la première organisation politique de la colonie, le Parti travailliste mauricien dirigé par Seewoosagur Ramgoolam naît, et en 1938, les premiers syndicats apparaissent également. En 1947, les Britanniques accordent aux îles une autonomie partielle: un conseil législatif a été créé et tous les Mauriciens alphabétisés obtiennent le droit de vote. Des élections générales ont lieu le 7 août 1967, lors desquelles le Parti travailliste (de l’indépendance) obtient la majorité des sièges. Au début des années 1960, l’autonomie est étendue, Maurice adopte dans la foulée une nouvelle Constitution en 1964 et un gouvernement dirigé par Sir Ramgoolam est formé.

Monarchie constitutionnelle

Le 12 mars 1968, l’île Maurice accède à l’indépendance, devenant une monarchie constitutionnelle qui fait partie du Commonwealth. La monarque britannique, Elizabeth II, reste la reine de Maurice, mais ses fonctions constitutionnelles sont déléguées au gouverneur général de Maurice. Seewoosagur Ramgoolam assume jusqu’en 1982 les fonctions de premier ministre.

Il faut noter qu’en 1970, Maurice est devenu la première zone économique libre de l’océan Indien; l’afflux d’investissements en provenance de Taïwan, de Hong Kong et des États-Unis a permis aux îles qui la constitue de connaître une croissance économique rapide (principalement dans l’industrie textile et le tourisme). À l’opposé, les tensions entre les créoles et la communauté indienne s’aggravent fortement dans le pays – l’île de Rodrigues, à prédominance créole, entame une lutte de sécession et le retour sous administration britannique. Parallèlement, le pays est témoin de la lutte des travailleurs, des syndicats et de l’opposition de gauche réclamant de meilleures conditions de travail et la nationalisation des plantations de sucre. Dans ce contexte, en 1968-1971 et 1971-1978, l’état d’urgence a été imposé aux îles et les syndicats interdits.

Les élections législatives de 1982 ont été remportées par une coalition de gauche et le pays est dirigé par Sir Anerood Jugnauth, leader du Mouvement militant mauricien. En 1983, il quitte ce parti et fonde un nouveau parti, le Mouvement socialiste militant (MSM). Une coalition formée par le MSM, le Parti travailliste et le Parti mauricien social-démocrate (PMSD) remporte les élections générales organisées en 1983 et en 1987. Sir Jugnauth reste ainsi premier ministre jusqu’en 1995.

Maurice devient une République

Maurice devient une république le 12 mars 1992 avec un régime présidentiel (le président est toutefois élu par les députés), mais le pays reste membre du Commonwealth. Plusieurs coalitions se sont succédé au pouvoir entre 1990 et 2000, avec notamment pour premiers ministres: Navinchandra Ramgoolam (1995-2000, 2005-2015), Anerood Jugnauth (2000-2003) et Paul Bérenger (2003-2005).

En 1999, l’île a traversé la période la plus tourmentée de son histoire, déclenchée par un taux de chômage élevé et un faible niveau de vie de la communauté créole. Après quoi, le gouvernement s’est lancé dans un programme de diversification économique (en mettant l’accent sur le secteur financier et la haute technologie) et a entrepris un certain nombre de réformes administratives. Ainsi, en 2002, l’île Rodrigues s’est vu accorder le statut d’autonomie, ainsi qu’un conseil insulaire, représenté au parlement national.

Les élections de 2014 ont été remportées par l’alliance de trois partis de l’opposition. En 2017, le premier ministre Anerood Jugnauth démissionne volontairement de son poste, et lègue les rênes à son fils, Pravind Jugnauth (en tant que chef de la majorité parlementaire).

La plus grande réussite du gouvernement de Pravind Jugnauth est la résolution du différend territorial avec Londres concernant l’archipel des Chagos. Avec d’autres îles, ce territoire insulaire avait été cédé par les Français au Royaume-Uni en 1810, mais il est resté une possession britannique après l’indépendance de Maurice. Le 22 mai 2019, l’Assemblée générale de l’ONU adopte une résolution par laquelle elle exige de Londres de rétrocéder sous six mois à Maurice l’archipel des Chagos.