BERLIN, 15 mars. /TASS/. La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, tente en coulisses de persuader le chancelier Olaf Scholz de livrer des missiles de croisière Taurus à l’Ukraine, affirme Der Spiegel.
Elle estime indispensable de fournir ces missiles à Kiev, tandis que le chancelier s’est prononcé à plusieurs reprises contre. Toutefois, Annalena Baerbock espère qu’Olaf Scholz changera d’avis, indique le média. Si, il y a un an et demi, elle était engagée dans les débats sur la livraison de chars à l’Ukraine, cette fois-ci, elle s’abstient depuis plusieurs mois de faire des déclarations publiques sur les missiles Taurus, ce qu’Olaf Scholz aurait pu interpréter comme une pression injustifiée. Même lors d’entretiens avec les journalistes, elle aborde le sujet en termes très sobres.
Toutefois, pour elle, c’est bien plus qu’un simple système d’armes, poursuit Der Spiegel, constatant que l’Ukraine occupe de plus en plus des positions défensives. D’après des sources proches de la chef de la diplomatie, il serait important dans cette situation que le chancelier fasse comprendre aux Allemands ce que signifierait la défaite de l’Ukraine pour la sécurité de l’Europe. Cependant, constate le magazine, Annalena Baerbock n’a pas réussi jusqu’à présent à faire pencher Olaf Scholz de son côté.
Le journal Frankfurter Allgemeine Zeitung a précédemment annoncé que le ministère allemand des Affaires étrangères envisageait non seulement l’idée d’un échange circulaire de missiles de croisière Taurus avec le Royaume-Uni – qui permettrait à Kiev de recevoir davantage de missiles Storm Shadow de la part de Londres -, mais aussi la possibilité d’une remise directe de Taurus au Royaume-Uni sans échange. L’idée est de livrer par la suite des Taurus depuis le Royaume-Uni en Ukraine sans la participation de militaires allemands. Le contrôle complet de l’utilisation du système par Kiev n’est pas prévu, étant donné que des militaires britanniques peuvent stationner en Ukraine. Toutefois, cette option a été elle aussi déclinée mardi par la chancellerie fédérale.
Débats autour des Taurus
Le 9 mars, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, a déclaré dans une interview au quotidien Süddeutsche Zeitung que son pays était prêt à aider l’Allemagne dans la solution du problème d’une éventuelle livraison de missiles Taurus à l’Ukraine. Interrogé au sujet d’un possible échange circulaire qui permettrait à Londres de livrer ses missiles Storm Shadow pour obtenir en échange des Taurus, il a répondu que le pays « était prêt à envisager toutes les éventualités afin d’obtenir l’effet maximum pour l’Ukraine » sans pour autant citer de détails. Annalena Baerbock a admis qu’une telle option pourrait convenir à Berlin, bien que la décision finale sur la question ne lui appartienne pas.
La majorité des députés au Bundestag ont voté le 14 mars contre une nouvelle résolution du groupe de l’Union chrétienne-démocrate et de l’Union chrétienne-sociale (CDU/CSU) qui proposait de livrer des missiles Taurus à Kiev. Olaf Scholz a précédemment rejeté à plusieurs reprises la possibilité de remettre des Taurus à l’Ukraine. D’après lui, une utilisation efficace de ces missiles nécessite la participation de militaires allemands et c’est la ligne rouge qu’il ne veut pas franchir. La CDU/CSU a accusé le chancelier d’avoir « menti » et « joué sur les craintes des Allemands ».