GENÈVE, 3 mai /TASS/. Les autorités allemandes ébranlent les fondements de la démocratie, autrefois réputée libérale, en invoquant la nécessité jugée infondée de la protéger. C’est l’avis exprimé par Alfred de Zayas, juriste international américain et ancien expert indépendant du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, à la suite de la décision de classer le parti Alternative pour l’Allemagne (AFD), actuellement en tête des sondages, comme organisation d’extrême droite.
Réagissant aux propos du sénateur américain Marco Rubio qui a qualifié cette décision de dérive antidémocratique relevant d’une forme de tyrannie masquée, Alfred de Zayas affirme que l’Allemagne représente aujourd’hui « un cas exemplaire où la démocratie est démantelée sous prétexte de la défendre ».
« Le service de renseignement allemand l’Office fédéral de protection de la Constitution contribue activement à l’érosion d’un ordre constitutionnel jadis libéral », déplore-t-il.
Le 2 mai, cet organisme a officiellement désigné l’AFD comme mouvement d’extrême droite. Cette classification autorise les autorités à placer ses membres sous surveillance, notamment par l’écoute de leurs communications. Le parti demeure toutefois légal à ce stade: seule la Cour constitutionnelle fédérale peut statuer sur une éventuelle interdiction. Si tel était le cas, l’AFD deviendrait le troisième parti dissous dans l’histoire de la République fédérale d’Allemagne, après le parti impérial socialiste composé d’anciens nazis et interdit en 1952 et le parti communiste d’Allemagne, dissous en 1956.
Selon les dernières données publiées le 29 avril par l’institut Forsa, l’AFD recueille 26% des intentions de vote. Elle devance de deux points l’Union chrétienne-démocrate et l’Union chrétienne-sociale (CDU/CSU), qui ont remporté les élections anticipées de février, et distance de douze points le parti social-démocrate (SPD) du chancelier par intérim Olaf Scholz.
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