PRETORIA, 29 mai. /TASS/. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a signé une directive créant une commission d’enquête judiciaire chargée d’examiner les retards dans l’enquête et la poursuite des crimes commis à l’époque de l’apartheid. C’est ce qu’a annoncé la présidence dans un communiqué.
« Le président Ramaphosa a signé une directive pour la création d’une commission d’enquête judiciaire visant à déterminer s’il y a eu des tentatives pour empêcher l’enquête et la poursuite des crimes commis à l’époque de l’apartheid, indique le communiqué. La commission sera présidée par l’ancienne juge de la Cour constitutionnelle Sisi Khampepe. » La création de cette commission s’inscrit dans le cadre d’un accord conclu lors de discussions relatives à une action en justice intentée par des familles de victimes de crimes commis pendant l’apartheid.
« Depuis de nombreuses années, il existe des allégations d’ingérences dans ces affaires, a déclaré M. Ramaphosa. Cette ingérence présumée est considérée comme la cause des retards inacceptables dans l’enquête et la poursuite de crimes brutaux commis pendant l’apartheid. […] Cette commission doit permettre de tirer un trait sur une période douloureuse de notre histoire. Elle doit établir la vérité et permettre de corriger les manquements. »
La décision de créer cette commission a été prise après une rencontre entre M. Ramaphosa et un groupe de citoyens ayant intenté en janvier dernier un procès contre lui et le gouvernement sud-africain devant la Haute Cour de Pretoria. Les plaignants exigent une compensation pour ce qu’ils considèrent comme l’incapacité des autorités à enquêter de manière adéquate sur les crimes politiques commis à l’époque de l’apartheid et à poursuivre les responsables. Ils accusent également les autorités d’ingérence politique dans ces enquêtes. Le montant total des dommages réclamés s’élève à 167 millions de rands (environ 8,25 millions d’euros).
L’apartheid a été instauré par la minorité blanche en 1948 sur le territoire de l’actuelle Afrique du Sud et a duré jusqu’en 1994. En 1996, une loi spéciale a créé la Commission de la vérité et de la réconciliation, qui a conclu que plus de 7.000 militants avaient été tués pour des raisons politiques durant l’apartheid et que 19.000 autres avaient été victimes de graves violations des droits humains. Afin de préserver la paix dans la société sud-africaine post-apartheid, la commission avait cependant le pouvoir d’accorder des amnisties aux auteurs de ces crimes. La commission a achevé ses travaux au printemps 2003.