L’UE souhaite la poursuite des livraisons de gaz russe via l’Ukraine, selon les experts

MOSCOU, 28 août. /TASS/. L’Europe souhaite la poursuite du transit du gaz russe par l’Ukraine et entreprendra des efforts pour le préserver, sinon elle risque d’être confrontée à des prix du gaz plus élevés. Cette opinion a été exprimée par des experts interrogés par TASS.

« C’est avant tout le marché européen qui le souhaite. Le transit se poursuit quasiment sans aucun changement. Cela montre que sur le plan diplomatique et commercial, il est extrêmement demandé par la partie européenne, qui, en fait, le soutient. En effet, la Russie ne peut pas forcer l’Ukraine à poursuivre le transit. Seuls les Européens peuvent le faire. Ce sont eux qui sont intéressés et qui feront des efforts considérables pour garantir la poursuite du transit », a déclaré Alexeï Grivatch, directeur général adjoint du Fonds national pour la sécurité énergétique et expert du club Valdaï. L’Autriche, la Slovaquie, l’Italie et la République tchèque sont les pays les plus dépendants du gaz russe, a ajouté l’expert.

Le président ukrainien Vladimir Zelenski a déclaré la veille que Kiev ne prolongerait pas l’accord avec Gazprom sur le transit du gaz russe, qui expire à la fin de l’année en cours. Dans le même temps, il a indiqué qu’après l’expiration du contrat, l’Ukraine déciderait conjointement avec l’UE du transit du gaz russe à travers son territoire vers l’Europe. Auparavant, des experts interrogés par TASS ont noté que la prolongation du contrat de transit était peu probable compte tenu de la situation politique, mais que les pays de l’UE seraient toujours en mesure de continuer à acheter du gaz à la Russie grâce aux enchères et au déplacement du point de livraison du gaz.

Une diminution ou une interruption totale des livraisons de gaz russe est le scénario le plus probable, souligne Sergueï Kaoufman, analyste de chez Finam. Dans le même temps, M. Grivatch admet qu’un intermédiaire européen, dont le rôle est actuellement rempli par l’ukrainien Naftogaz, pourrait acheter des capacités de transport à travers l’Ukraine, les vendre à Gazprom, prendre du gaz à Gazprom et le rendre à la société russe à la frontière occidentale de l’Ukraine.

Dans le même temps, les experts sont sceptiques quant à la possibilité d’acheminer le gaz azerbaïdjanais vers l’UE via l’Ukraine après la fin du contrat de transit avec Gazprom. Si l’Azerbaïdjan devient simplement un intermédiaire entre la Russie et l’Ukraine, c’est-à-dire que le gaz russe à la frontière avec l’Ukraine deviendrait légalement du gaz azerbaïdjanais, cette option n’est en fait pas différente d’un transit ordinaire et est peu probable, note Kaoufman. Par ailleurs, si Gazprom pouvait exporter du gaz vers l’Azerbaïdjan pour la consommation intérieure et que l’Azerbaïdjan augmentait ses exportations vers l’UE, mais sans passer par l’Ukraine, un tel schéma pourrait faire partie d’un hub turc avec un potentiel d’approvisionnement de seulement 3 à 4 milliards de mètres cubes par an, ajoute-t-il.

Le 6 août, une attaque massive des forces armées ukrainiennes a débuté dans la région de Koursk, où se trouve la station de comptage de gaz de Soudja. La branche de transit qui passe par Soudja reste la seule voie d’acheminement du gaz russe vers l’Europe via l’Ukraine. Les livraisons de gaz russe transitent par l’Ukraine dans un volume réduit depuis mai 2022, lorsque l’opérateur ukrainien a signalé que le transit vers l’Europe via la station de Sokhranovka avait été interrompu en raison de circonstances de force majeure – la société ne pourrait pas contrôler la station de compression frontalière de Novopskov, en République populaire de Lougansk (RPL). De son côté, le groupe gazier russe n’a vu aucune raison d’arrêter le pompage.

Prévisions des prix du gaz en Europe

Malgré la capacité croissante du marché du gaz naturel liquéfié (GNL) et le taux de remplissage quasi record des installations de stockage souterrain du gaz en Europe, les prix du gaz dans l’UE pourraient dépasser les 500 dollars les 1.000 mètres cubes en cas d’hiver froid et d’interruption totale des approvisionnements via l’Ukraine, a déclaré M. Kaoufman.

Si le transit du gaz russe par l’Ukraine est interrompu ou réduit, l’Europe pourrait être confrontée à des prix plus élevés sur son marché du gaz, a convenu M. Grivatch.

Plus tôt, le porte-parole de Gazprom, Sergueï Koupriïanov, a déclaré que les événements survenus près de Soudja, dans la région de Koursk, avaient déjà entraîné une forte hausse des prix du gaz et du GNL, avant de se demander qui en profiterait.