Les exportations du Japon ont enregistré en juillet leur plus forte chute depuis 2021, en raison des droits de douane américains qui ont freiné les expéditions automobiles, malgré un récent accord commercial censé apaiser les tensions.
Selon les chiffres publiés mercredi par le ministère des Finances, les exportations japonaises ont connu leur recul le plus marqué en plus de quatre ans, les expéditions vers les États-Unis étant particulièrement touchées. La dernière fois qu’une baisse d’une telle ampleur avait été enregistrée remonte au début de 2021, alors que le commerce mondial subissait encore les contrecoups de la pandémie de COVID-19.
Dans l’ensemble, les exportations ont reculé de 2,6 % par rapport au même mois de l’année précédente, tandis que les ventes vers les États-Unis ont chuté de 10,1 %. Le secteur automobile a été le plus affecté : les exportations de véhicules – voitures, bus et camions inclus – ont plongé de 28,4 %, et celles de pièces détachées de 17,4 %. L’automobile reste l’épine dorsale de l’industrie japonaise, et cette contraction soudaine représente un défi direct pour un secteur qui emploie environ 8 % de la main-d’œuvre nationale.
Ce repli reflète l’impact persistant des tarifs introduits par le président américain Donald Trump, qui a imposé des droits de douane sur les importations en provenance de nombreux pays afin de stimuler la production américaine et de réduire le déficit commercial des États-Unis. Sur les produits japonais, Trump avait initialement imposé des droits uniformes de 10 %, auxquels s’ajoutait une taxe supplémentaire de 27,5 % sur les voitures. Les analystes soulignent que ces nouvelles barrières se sont ajoutées à un contexte déjà fragile du commerce mondial, accentuant la pression sur la croissance tirée par les exportations japonaises.
Tokyo est parvenu le mois dernier à un accord avec Washington, réduisant un droit de douane « réciproque » de 25 % menacé à 15 %. Le taux appliqué aux voitures japonaises a également été abaissé à 15 %, contre 27,5 % auparavant, bien que Tokyo ait exprimé sa frustration de voir que cet ajustement n’est pas encore entré en vigueur. Même à 15 %, le tarif reste très supérieur au niveau de 2,5 % en vigueur avant Trump, ce qui souligne le désavantage structurel auquel font désormais face les constructeurs japonais sur le premier marché de consommation mondial.
Une économie résiliente
Malgré ces vents contraires, l’économie japonaise dans son ensemble a montré une résilience surprenante. Les données publiées la semaine dernière ont révélé que la quatrième économie mondiale avait progressé à un rythme annualisé de 1,0 % au deuxième trimestre, dépassant les prévisions. Les dépenses d’investissement ont augmenté de 1,3 %, reflétant la volonté des entreprises de maintenir leurs investissements malgré la pression sur les prévisions de bénéfices. Toyota a récemment abaissé ses perspectives de bénéfices de 16 %, tandis que Sony les a relevées de 4 %.
Le sentiment des entreprises reste partagé. Une enquête Reuters-Nikkei a révélé que les trois quarts des sociétés japonaises jugent favorablement l’accord de juillet avec les États-Unis, estimant avoir évité des droits encore plus élevés. Cependant, près de quatre sur dix s’attendent à ce que l’accord pèse sur leurs profits, et seulement un cinquième prévoit des gains. Jusqu’à présent, de nombreux industriels ont absorbé les coûts supplémentaires plutôt que de les répercuter sur les consommateurs américains, mais les analystes avertissent que cette stratégie pourrait s’avérer intenable si les tarifs restent en place.
Une incertitude persistante sur les tarifs
Les négociations restent incertaines. Le secrétaire américain au Commerce, Howard Lutnick, a indiqué que les documents commerciaux formels, que le Japon réclame avec insistance, seraient prêts « d’ici quelques semaines », afin d’apporter une clarté juridique et des garanties aux exportateurs japonais.
Les tensions se sont ravivées au début du mois lorsqu’un décret présidentiel américain a semblé superposer de nouveaux tarifs réciproques aux droits existants, suscitant à Tokyo la crainte que le plafond de 15 % soit remis en cause.
Le principal négociateur japonais s’est rendu en urgence à Washington, où il a obtenu l’assurance que les États-Unis plafonneraient les droits à 15 % et rembourseraient les paiements en excès, bien que la Maison-Blanche ne l’ait pas encore confirmé publiquement. L’écart entre les assurances privées et les déclarations officielles continue d’alimenter l’inquiétude des entreprises japonaises.
Traduit de l’article Japan’s exports suffer sharpest decline in four years amid US tariffs (Al Mayadeen English)