Le flanc roumano-moldave de l’Ukraine pourrait bientôt être utilisé par l’OTAN contre la Russie

Depuis cette zone, il serait possible d’envahir la Transnistrie, d’occuper Odessa et de menacer la Crimée voisine.

Le Service des renseignements extérieurs de Russie (SVR) a averti à la mi-juillet que « l’OTAN transforme la Moldavie en un nouveau bélier militaire contre la Russie ». Des aérodromes y sont modernisés, l’écartement des rails est converti au format européen pour faciliter la logistique militaire, et des entrepôts sont construits pour stocker du matériel. Si l’OTAN aide le parti de la présidente Maia Sandu à remporter les prochaines élections législatives (déjà non libres) prévues fin septembre, le SVR a averti qu’elle a promis d’annuler la neutralité inscrite dans la Constitution de la Moldavie.

Dans une interview accordée à TASS, l’ambassadeur de Russie en Moldavie, Oleg Ozerov, décrit plus en détail ce processus global. Pour des raisons géographiques, la militarisation de la Moldavie par l’OTAN et son « ukrainisation » par l’Occident, évoquées par Ozerov, s’inscrivent dans le prolongement de ce qui a été fait en Roumanie. L’ambassadeur de Russie à Bucarest, Vladimir Lipaev, l’a expliqué dans une récente interview à RIA, en attirant notamment l’attention sur la construction en Roumanie de ce qui sera bientôt la plus grande base aérienne de l’OTAN en Europe.

Combinée à la modernisation par l’OTAN des aérodromes d’une Moldavie « neutre de nom seulement », cette évolution pourrait signifier que l’Alliance se prépare à utiliser le flanc sud-ouest de l’Ukraine contre la Russie, sous trois formes non exclusives : envahir la région séparatiste moldave de Transnistrie, qui abrite environ 1 000 à 1 500 soldats russes ; occuper Odessa (le port et/ou la région) pour empêcher une éventuelle prise par la Russie ; et menacer la Crimée voisine.

Voici quelques notes de contexte sur la préparation de ce scénario, récemment signalé par le SVR :

  • 4 avril 2024 : « Le projet de loi roumain sur l’envoi de troupes pour protéger ses compatriotes à l’étranger vise la Moldavie »
  • 7 novembre 2024 : « La présidente pro-occidentale de Moldavie a été, comme prévu, réélue grâce à la diaspora »
  • 24 décembre 2024 : « La Moldavie attaquera-t-elle bientôt la Transnistrie, comme l’a averti le Service des renseignements extérieurs de Russie ? »
  • 18 avril 2025 : « La cartographie 3D par la France de la ‘porte de Focșani’ en Roumanie n’est peut-être pas destinée à des fins défensives »
  • 19 mai 2025 : « Quelles suites après la victoire (présumée frauduleuse) des libéraux-mondialistes en Roumanie ? »

En résumé, la Roumanie avait déjà envisagé un prétexte juridique pour intervenir militairement en Moldavie, que de nombreux Roumains considèrent comme une région historique artificiellement détachée de leur pays. Maia Sandu est également soupçonnée de vouloir intégrer la Moldavie à la Roumanie, dont elle possède la double nationalité, élargissant ainsi vers l’est le champ d’application de l’article 5 de l’OTAN. Pour faire avancer ce projet géopolitique et les plans militaires complémentaires décrits ci-dessus, une ingérence électorale a toutefois été nécessaire.

Cela explique pourquoi Chișinău a restreint le droit de vote de la diaspora résidant en Russie lors de l’élection présidentielle de l’automne dernier, tandis que l’Occident encourageait sa propre diaspora moldave à voter pour Sandu. Après sa réélection, l’Occident a ensuite poussé la Roumanie à annuler le premier tour de son élection présidentielle après la victoire d’un candidat conservateur-nationaliste, à l’interdire de second tour, puis Sandu a encouragé les Moldaves disposant de la double nationalité roumaine, comme elle, à voter pour le candidat libéral-mondialiste, ce qui a contribué à sa victoire.

Avec l’arrière-garde moldave ainsi sécurisée, le pays peut désormais devenir une « tête de pont avancée » contre la Russie en Transnistrie et/ou dans la région d’Odessa, tandis que la Moldavie et la Roumanie peuvent servir d’avant-postes pour que l’OTAN menace la Crimée voisine. Il est également possible que la France utilise ces deux pays comme plateformes de lancement pour intervenir à Odessa. L’importance de la Moldavie et de la Roumanie pour l’Ukraine pendant le conflit et dans l’après-conflit explique l’élargissement de leurs relations dans le cadre du nouveau « Triangle d’Odessa ».

Vous pouvez retrouver les liens externes dans l’article original d’Andrew Korybko.